Institutions internationales - La CEE et son budget - L'ONU et l'Arménie - Dégel gréco-turc
L’automne ne s’annonce pas calme. Plus approche la date prévue pour l’installation des euromissiles, plus se précisent les menaces de manifestations qui, au nom du « pacifisme », pourraient déboucher sur des violences. Au Liban, le président Aminé Gemayel se heurte à des oppositions qui, nées de vieux antagonismes ethniques, exacerbées par des rivalités politiques, trouvent un argument dans le retrait des forces israéliennes des montagnes du Chouf.
L’Amérique centrale reste en proie à des luttes qui ne paraissent plus justiciables de solutions rationnelles, tellement les passions se sont avivées. Le conflit ethnique qui a éclaté au Sri Lanka et le mouvement de « désobéissance civile » qui, à l’initiative du « Mouvement pour la restauration de la démocratie », affecte le Pakistan, menacent la stabilité du sous-continent indien. L’assassinat de Benigno Aquino (chef de file de l’opposition) a brusquement créé une dangereuse tension aux Philippines où, bien que l’opposition n’ait pas mis directement en cause le gouvernement du président Marcos, elle a parlé d’un « meurtre politique ». De l’Amérique centrale au cœur du Pacifique, du Moyen-Orient à l’Europe occidentale, il n’est pas un problème qui ne se soit pas aggravé durant l’été, cependant qu’en Afrique le conflit tchadien, indépendamment des pressions extérieures, faisait resurgir des antagonismes tribaux qui étaient restés sous-jacents durant l’époque de la présence française. Une nouvelle fois, toutes ces tensions – et il y en a d’autres – se sont aggravées sans que les institutions internationales aient pu intervenir, contrairement aux espoirs qui avaient été placés en elles. Ni les Nations-unies et l’Organisation des États américains (OEA) pour l’Amérique centrale, ni les Nations-unies et l’Organisation de l’unité africaine (OUA) pour le Tchad n’ont pu jouer un rôle actif.
La CEE et son budget
La Communauté européenne est menacée par l’asphyxie financière, et s’il est un point sur lequel ses membres sont d’accord, c’est bien celui-ci : les caisses sont vides. Selon M. Christopher Tugendhar, le commissaire chargé du budget, 1984 est la dernière année pour laquelle la Commission présente un budget crédible. Il faut absolument trouver de nouvelles ressources pour 1985. Les 160 milliards de francs de l’enveloppe européenne passeront à 178 Mds l’année prochaine, absorbant la totalité des moyens disponibles. La Communauté se finance en prélevant – en plus des droits de douane sur les importations en provenance de pays tiers – 10 % de la TVA perçue dans les États membres. Bruxelles a tiré le signal d’alarme. D’abord, la Commission se sent jugulée par le système fixe des ressources propres qui ne peut être modifié avant 1985. Alors que les rentrées n’augmentent qu’au rythme annuel moyen de 6,1 %, les dépenses de 1984 seront en augmentation de plus de 11 %. Ensuite, la garantie des marchés agricoles coûte de plus en plus cher. Enfin, la Commission se sent liée à la fois par les ambitions du programme de son président, M. Gaston Thorn, et par le rétablissement de l’équilibre budgétaire, que réclament les Britanniques et les Allemands. Le tout se profile sur un fond de comparaison amère : un budget national représente en moyenne 40 % du produit intérieur brut (PIB) d’un État, celui des « Dix » n’en représente que 1 %. La Politique agricole commune (PAC) absorbe 60 % du budget, et ses dépenses seront en augmentation de 17 % l’année prochaine. Il faut donc contenir le budget agricole dans les limites disponibles. En mai 1983, on a « serré » les prix. Mais il y a les impondérables. D’une part, il y a surproduction de céréales, de produits laitiers, de sucre, de vin et de pommes, et la Commission a donc dû soutenir les cours ; d’autre part, les cours des marchés mondiaux sont inférieurs aux prévisions, ce qui se traduit par des restitutions accordées aux exportateurs. Or, d’accord sur le constat, les « Dix » ne le sont pas sur les méthodes à mettre en œuvre pour redresser la situation. La France, le Benelux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg) et le Danemark défendent la PAC tout en étant convaincus de la nécessité d’éviter les excédents de production.
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