Institutions internationales - L'ONU et le conflit libanais - Les embarras de l'Espagne au seuil de la CEE - Les préoccupations de l'OCDE et du COMECON (Conseil d'assistance économique mutuelle)
L’impuissance dans laquelle s’est trouvée la Force multinationale d’accomplir sa tâche au Liban (et le recours à l’ONU suggéré par la France) soulève, une nouvelle fois, la question du choix des instruments pour le contrôle d’une crise. Certes le rôle de la FMI (Force multinationale d’interposition) à Beyrouth n’a jamais été très explicité. Pour le président Mitterrand il s’agissait de « contribuer au retour de la sécurité et au respect du droit des gens ».
La situation particulière du Liban, tant sur le plan régional que sur l’échiquier politique intérieur, et le phénomène du terrorisme ont précipité la décomposition d’une force d’interposition engagée dans des conditions précaires. On ne peut, évidemment, en tenir rigueur aux responsables de chacun des contingents détachés au Liban à la demande des autorités légales du pays. Alors, faut-il conclure à quelque faiblesse de l’Occident ? Le cas du Liban est significatif de tout ce qui peut survenir à la périphérie du champ clos des deux alliances, là où ne joue plus le blocage nucléaire. On assiste alors à une déstabilisation locale ne justifiant aucun casus foederis (dans un traité, clause prévoyant une obligation d’assistance, en particulier en cas d’agression armée) face à une attaque extérieure. C’est toute l’ambiguïté de la situation.
Il serait léger de simplement mettre en cause ce que l’on a appelé (à juste titre ou non) le partage de Yalta (1945). Depuis que l’Empire romain imposait par la force l’unité de sa civilisation, le monde n’a guère retrouvé d’équilibre assuré : ni au Moyen-Âge où les États chrétiens participaient à une même communion spirituelle, ni même lorsque les négociateurs du Traité de Westphalie (1648) fondèrent un statut de politique international muni de garanties de défense ou lorsque les Traités de Vienne (1815) et leur directoire européen visèrent à des arrangements analogues. Ensuite, on vit la Société des Nations (SDN), puis l’ONU, chercher à établir un pacte de droit qui serait à même d’introduire dans le monde un équilibre de fait. Or qu’en est-il ? Jadis les sanctions contre l’Italie à propos de l’Éthiopie sont pratiquement restées lettres mortes. La crise de Berlin, en 1949, se régla par une épreuve de force entre les deux Grands. Et si la guerre de Corée, l’année suivante, a pu être menée sous le signe de l’ONU, c’est que l’Union soviétique pratiquait alors la politique de la chaise vide au Conseil de sécurité de sorte qu’elle ne put avoir recours à son droit de veto. Mais la situation au Liban est sans doute plus proche de celle qui prévalait en 1960 dans l’ancien Congo-Léopoldville [actuelle République démocratique du Congo]. Si en Corée il y eut coalition des membres de l’ONU contre l’agresseur, au Congo l’organisation internationale eut à intervenir aux côtés du pouvoir central contre une subversion. C’est à cette époque que son Secrétaire général, Dag Hammarskjöld, prôna sa doctrine de la neutralisation internationale, une doctrine qui tendait à soustraire les conflits locaux à l’affrontement Est-Ouest.
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