Faits et dires
• La détention du commandement nucléaire ne peut pas être partagée. Elle ne peut pas être partagée par rapport aux institutions françaises. Elle ne peut pas être partagée simplement parce que la nature de cette arme, pour l’instant, l’interdit. Même en France la dissuasion ne peut exister que si elle est décidée par un seul homme et vite, autrement elle n’a pas beaucoup de signification.
Président Mitterrand, le 2 février 1984 au quotidien hollandais Handelsblad
• L’Europe reste partagée entre la sécurité qui existe et la sécurité qu’elle espère. Nul doute qu’elle choisisse la première. L’Alliance atlantique n’est pas près de se voir supplantée par une alliance européenne. Cela tient au fait qu’aucune force militaire n’est en mesure de se substituer à l’arsenal américain. La France, en tout cas, n’usera pas de sa capacité nucléaire autrement que pour sa stratégie propre de dissuasion et l’Europe dans son ensemble ne prendra pas le risque de se trouver à découvert… La France n’a pas caché à ses alliés que, hors la protection de son sanctuaire national et des intérêts vitaux qui s’y rattachent, elle ne saurait prendre en charge la sécurité de l’Europe. Et pour des raisons stratégiques, et pour des raisons de politique internationale qui résultent de la dernière guerre, la décision d’emploi de l’arme nucléaire française ne peut se partager.
Président Mitterrand, le 7 février 1984 à La Haye
• Que l’Europe soit capable de lancer dans l’Espace une station habitée qui lui permettra d’observer, de transmettre et donc de contrarier toute menace éventuelle, et elle aura fait un grand pas vers sa propre défense… Une communauté européenne de l’Espace serait, à mon sens, la réponse la mieux adaptée aux réalités militaires de demain.
Président Mitterrand, ibidem
• Soviétiques et Américains poursuivent leurs recherches dans les domaines des armes à faisceau laser et dans l’utilisation de l’Espace. Je ne crois pas que les Européens puissent ignorer ces évolutions. Ne serait-ce parce qu’elles posent d’importants problèmes stratégiques. C’est vrai en matière de rapports Est-Ouest, c’est vrai pour la défense de l’Europe, c’est vrai aussi pour notre politique de Défense. Face à ces nouveaux défis, il nous semble que les Européens doivent se mobiliser. Nous aurions tort en effet de vouloir défendre l’Europe de demain avec les moyens et l’organisation d’hier.
M. Pierre Mauroy, le 22 février 1984 au quotidien autrichien Arbeiter Zeitung
• Il a été décidé, tout en préservant notre liberté d’action et notre entière autonomie de décision, de lever toute ambiguïté, vis-à-vis de nos alliés, sur notre capacité à nous engager, éventuellement très tôt, à leurs côtés, concrétisant ainsi la solidarité qui nous lie à nos partenaires européens.
Général Hervé Zwingelstein, Chef du bureau études de l’état-major des armées, le 11 février 1984 à Lille
• Les Européens de l’Ouest, pour le moment en tout cas, se préoccupent de moins en moins de contribuer à la stabilité du monde et de plus en plus de celle de leur région géographique… Ils devront sortir de leur cocon et admettre qu’il leur faut nous aider, ou alors le problème a de bonnes chances de s’aggraver.
Lawrence Eagleburger, sous-secrétaire d’État, le 31 janvier 1984
• Nous ne sommes pas les gendarmes de l’Afrique, mais ne rien faire lorsque des États amis sont menacés par nos propres adversaires porterait atteinte à notre crédibilité en tant que rempart contre l’agression, en Afrique et ailleurs.
George Shultz, secrétaire d’État, le 15 février 1984
• Aucune partie ne doit, par sa politique et par ses actions, détruire l’équilibre existant dans la sphère des armements nucléaires. Nous sommes prêts, sur une telle base, à régler le problème des armements nucléaires en Europe.
Andrei Gromyko, le 27 février 1984
• Le déploiement des Pershing II et des missiles de croisière sur le territoire de pays de l’Europe de l’Ouest rend impossible la poursuite des conversations sur la limitation des armes nucléaires en Europe.
Maréchal Oustinov, le 24 février 1984
• À ce jour, et en dépit de rumeurs persistantes, l’État juif ne fait toujours pas partie du club atomique.
Youval Neeman, ministre israélien de la Recherche, le 21 février 1984
• Je voudrais dire à propos de l’objection de conscience que les soldats qui sont capables d’accepter une autre forme de service public que le service militaire font preuve de maturité, en particulier lorsqu’ils permettent de remplacer l’un par l’autre.
Sa Sainteté Jean-Paul II, le 12 février 1984