Défense à travers la presse
Mis à part le minage de la mer Rouge, les distractions estivales n’ont guère été troublées par les considérations stratégiques. Même s’il est vrai que, depuis la mi-juillet. Washington et Moscou se sont constamment affrontés au sujet de la conférence prévue à Vienne sur l’interdiction des armes spatiales, le public en a simplement été informé sans avoir eu davantage de commentaires. Ceux-ci, en revanche, ont abondé au sujet du référendum envisagé par le président de la République : nos querelles ont donc été constitutionnelles et non plus grammairiennes comme l’assurait Montaigne.
Le mouillage de mines en mer Rouge a, durant quelque temps, donné naissance à bien des supputations et peut-être incité certains à relire les romans de Monfreid. L’affaire présentait un caractère énigmatique propre à susciter l’intérêt des lecteurs. Les hebdomadaires, à court d’actualité palpitante, lui ont donc accordé une place de choix, donnant toute son importance au mystère. Première question : qui les a posées ces mines ? L’Express du 10 août 1984 mène son enquête :
« Qui a intérêt à créer un climat d’insécurité dans une zone qualifiée par les stratèges occidentaux d’idéale “pour les conflits secondaires” ? Deux réponses. L’une sous forme de revendication : celle de l’organisation clandestine Jihad islamique qui affirme avoir disposé 160 mines sur cette route maritime pour “punir l’impérialisme”. C’est ce mouvement, formé de commandos pro-iraniens, qui avait revendiqué le double attentat de Beyrouth, le 23 octobre 1983… L’autre réponse repose sur de fortes présomptions. L’URSS ? On voit mal Moscou, disposant de points d’appui, de facilités de mouillages aux îles Dahlak, à Massaoua, à Assab, à Aden et à Socotra, prendre le risque considérable d’ouvrir un conflit indirect Est-Ouest. L’Iran ? L’accusation est tentante, d’autant que Téhéran, le 7 août 1984, se réjouit publiquement du minage de la voie d’eau, avant d’accuser le lendemain les États-Unis et Israël d’en être responsables et de chercher ainsi à entraver le pèlerinage de La Mecque. Auparavant, l’hodjatoleslam (titre honorifique donné à des clercs chiites) Rafsanjani menaçait : l’insécurité ne se limitera pas au golfe Persique, elle s’étendra aux puits pétroliers et aux oléoducs de la mer Rouge. Promesses tenues… En se servant du Jihad islamique, l’un de ses bras armés, l’Iran fait d’une pierre deux coups : d’une part, il sanctionne les amis de Bagdad ; d’autre part, il élargit le conflit Iran-Irak en l’internationalisant ».
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