Afrique - Ouganda : un bourbier dans un environnement malsain - L'imprévisible accord maroco-libyen
Ouganda : un bourbier dans un environnement malsain
Les élections de décembre 1980 ont permis à M. Milton Obote de reprendre le pouvoir et d’être reconnu par l’opinion internationale comme le chef légitime de l’Ouganda. Pourtant, elles avaient été considérées par la plupart des observateurs comme une parodie de scrutin. On les disait destinées à donner à un régime contraint à se maintenir par la violence, une apparence de démocratie parlementaire ; elles lui permettaient surtout de solliciter légitimement, auprès du Fonds monétaire international, des crédits suffisants non seulement pour éponger le passif du gouvernement précédent mais aussi pour relever le pays des ruines laissées par une « guerre de libération » encore inachevée. Les circonstances qui avaient précédé le vote, ainsi que des irrégularités constatées lors du déroulement du scrutin, avaient incité une fraction importante de la population à douter de la légitimité d’un gouvernement dont l’audience ne pouvait aller qu’en s’amenuisant car il ne parvenait pas à assurer la sécurité la plus élémentaire.
Un rappel des événements qui avaient précédé l’organisation du vote permet de dégager les causes des réticences populaires. En avril 1979, le FNLO (Front national de libération de l’Ouganda), avec l’appui déterminant de l’armée tanzanienne, renverse le régime du Maréchal Idi Amin Dada (au pouvoir de janvier 1971 à avril 1979) qui se réfugie en Libye. Celui-ci, en quelque 10 années de dictature, avait réussi à dresser contre lui toutes les tendances de la population, à l’exception peut-être d’une fraction musulmane qui appréciait les ouvertures économiques du colonel Kadhafi ou, du moins, qui en vivait. Le FNLO regroupe tous les adversaires du Maréchal : les partisans de l’ancien président Milton Obote, protégé par M. Nyerere, le chef de l’État tanzanien ; les Bougandais, ethnie la plus homogène du pays, convertie au christianisme mais qui ne peut accepter l’autorité de M. Obote (appartenant aux ethnies acholi-Langi de la partie méridionale de l’Ouganda) parce que celui-ci avait éliminé leur souverain en 1966 ; le FRONASA (Front for National Salvation) de M. Museweni, un jeune chef de guérilleros originaire d’une petite tribu du Sud-Ouest, les Ankoles, adversaire irréductible de M. Obote, méfiant à l’égard de la Tanzanie quoique subissant l’influence de M. Samora Machel et Robert Mugabe, idéologiquement proches du président tanzanien. Le FNLO comprend également les représentants d’autres tendances moins affirmées donc plus malléables.
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