Faits et dires
* La négociation sur les armes spatiales : proposée par M. Constantin Tchernenko le 10 juin 1984 (cf. « faits et dire » d’août-septembre 1984), fixée à Vienne à la date du 18 septembre 1984 par Moscou, acceptée officiellement par les États-Unis le 18 juillet 1984, elle a donné lieu à une controverse apparemment insoluble, les États-Unis souhaitant, sans en faire un préalable, reprendre par la même occasion les pourparlers sur les START (Traité de réduction des armes stratégiques) et les FNI (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire) et l’Union soviétique exigeant qu’un moratoire soit décidé sur les essais d’armes dans l’espace à compter du début des entretiens ; chaque partie rejette la suggestion de l’autre.
Dans La Pravda du 2 septembre 1984, M. Tchernenko en tirait cette conclusion : « Au lieu de s’entendre nettement avec nous sur l’examen du problème précis de l’interdiction des armes spatiales, les États-Unis se sont mis à insister sur l’examen des questions concernant les armements nucléaires en général… L’attitude américaine est diamétralement opposée à la nôtre. Quel sens pourraient alors avoir des négociations ? »
* Téléphone rouge : le 17 juillet 1984 le président Reagan a fait savoir qu’un accord avec Moscou venait d’être signé pour adjoindre à la ligne télex existante un système de fac-similé. Pour sa part le Washington Post croit savoir que les Soviétiques ont refusé d’établir une liaison directe entre les États-majors militaires des deux pays.
* On croit naïvement qu’un déploiement massif de missiles de croisière américains restera sans riposte de la part de l’URSS. Or l’Union soviétique procède actuellement à des essais de missiles de croisière à longue portée.
Agence Tass, le 4 août 1984
* Armes chimiques : le délégué soviétique à Genève a repoussé au 9 août 1984 le projet américain concernant leur interdiction, alléguant que Washington voulait imposer des mesures discriminatoires aux pays de l’Est. Moscou considère notamment que l’idée d’une inspection internationale est « extravagante, délibérément irréaliste et irrationnelle ».
* Les accords de Yalta : le 17 août 1984, devant un auditoire polonais le président Reagan rejette « toute interprétation de ces accords selon laquelle les Américains auraient consenti à la division de l’Europe en sphères d’influence ». Réaction de l’agence Tass le lendemain : « Peu importe ce que dit Washington au sujet des réalités politiques de l’Europe d’après-guerre. Personne n’est autorisé à remettre en cause les décisions de la conférence de Crimée, pas plus que l’Acte final de la conférence de 1975 à Helsinki ».
* Des accords équitables et véritables peuvent, à l’ère nucléaire, contribuer de façon importante à la stabilité ou à la solution de conflits qui, sans cela, risqueraient de dégénérer.
George Shultz, à Chicago, 20 août 1984
* Je ne conçois pas de défense européenne crédible sans la protection du parapluie américain. En revanche il y aurait tout intérêt à créer une identité européenne en matière de défense. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Deux problèmes, en effet, se posent. D’abord il y a le risque d’éloigner les États-Unis, de découpler notre défense de la leur ; s’il en était ainsi nous aurions aggravé et non amélioré la situation. Mieux vaudrait ne rien faire du tout. Ensuite, il faut préciser ce que l’on entend concrètement par « défense européenne », ce n’est pas facile. Le concept est vague et je ne sais pas exactement quel sens il faut lui donner… Les armes nucléaires sont par essence nationales : elles appartiennent aux États-Unis, à la France, à l’Angleterre. C’est une réalité qu’il serait très difficile de changer.
Lord Carrington, secrétaire général de l’Otan, le 24 juillet 1984 au Figaro
* Les États-Unis attisent les dispositions revanchardes dans le camp de leurs vassaux afin de provoquer une aggravation de la situation aux frontières occidentale et orientale de l’URSS. Cette politique américaine est facilitée, disons-le, par l’état d’esprit revanchard qui est déjà très vif en RFA et au Japon et par l’aspiration de ces pays à refaire la carte du monde.
Hebdomadaire soviétique Temps nouveaux, le 17 août 1984