Défense en France - Réflexions à bâtons rompus sur l'emploi de la Force d'action rapide (FAR)
La chronique « Armée de terre » étant consacrée à l’exercice Damoclès, qui a couronné en septembre 1984 la 1re phase des expérimentations relatives aux structures et aux modalités d’emploi de la future Division aéromobile (DAM) dont la mise sur pied doit être achevée le 1er juillet 1985, je voudrais pour ma part porter ma réflexion sur l’ensemble de la Force d’action rapide dont la 4e DAM constituera le noyau, ou mieux encore le fer de lance – comme le suggère le dessin illustrant le dossier d’exercice remis à la presse – mais dont elle n’est qu’une partie, même si c’est en elle que se concentre la qualité essentielle à laquelle vise le tout : la rapidité et la puissance de feux antichars dispensés.
De la partie au tout, il y a une différence non seulement d’échelle mais aussi de nature. La DAM, c’est 6 400 hommes, alors que la FAR en comptera 47 000. La DAM, avec 3 régiments d’hélicoptères de combat et un régiment d’infanterie (1), mettra en œuvre 210 hélicoptères et aura une capacité quasi instantanée de tir antichar de 360 Euromissiles Hot et 48 Euromissiles Milan, soit une puissance de choc redoutable qui, multipliée par le nombre de « sorties » possibles des appareils, devrait hacher menu la formation blindée ennemie sur laquelle elle s’abattra, à condition bien entendu que les hélicoptères de la DAM puissent opérer sans trop de casse… Les 4 autres divisions de la FAR (6e Division légère blindée, 11e Division parachutiste, 9e Division d’infanterie de Marine, 27e Division aéroportée) apporteront la puissance et la permanence des feux au sol, avec 4 régiments blindés légers, 18 régiments d’infanterie et 4 régiments d’artillerie, soit au total 180 blindés, 90 pièces d’artillerie et plus de 500 armes antichars Hot ou Milan.
Cette différence d’échelle et de nature fait que les conditions d’engagement ne sauraient être étendues par une simple extrapolation de la partie au tout. La DAM est intrinsèquement aéromobile, alors que le reste de la FAR ne l’est que potentiellement et ne peut le devenir réellement qu’en conjugaison avec les moyens de transport aérien du Cotam (Commandement du transport aérien), et ceci par échelons successifs, même si les moyens aériens militaires (les MBB C-160 Transall) sont renforcés par les moyens civils réquisitionnés (Boeing 747) pour permettre l’enlèvement des charges de plus de 15 tonnes. La FAR ne peut donc pas être assimilée à un corps aéromobile 5 fois plus gros que la DAM et manœuvrable comme celle-ci.
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