Aéronautique - Les congrès de l'Armée de l'air
Réfléchir sur des thèmes d’actualité, évaluer ses unités au cours d’épreuves aériennes où la sécurité des vols garde toute son importance malgré des conditions d’exercice proches des missions de guerre, mais aussi, développer les contacts humains, sont les objectifs de l’Armée de l’air pour les congrès qu’elle met sur pied, en principe tous les 2 ans.
Le Congrès de l’aviation de chasse et de reconnaissance
La base aérienne de Cazaux (Gironde) a accueilli du 18 juin au 22 juin 1984 le Congrès de l’aviation de chasse et de reconnaissance, auquel assistaient de nombreux officiers de l’Administration centrale, des grands Commandements opérationnels, ainsi que tous les commandants d’unités de combat, du Cafda (Commandement air des forces de défense aérienne), de la Fatac (Force aérienne tactique) et du CEAA (Commandement des écoles de l’Armée de l’air).
Les épreuves aériennes (Coupes Comète et Tactique) disputées simultanément, différaient des versions antérieures par 3 points :
– un escadron – le 1/2 Cigognes – ne participait pas aux épreuves en raison de sa transformation sur Mirage 2000 ; le nombre d’escadrons engagés était ainsi de 33 ;
– un avion nouveau – le Mirage F1-CR – prenait part pour la première fois aux épreuves ; successeur du Mirage IIIR et D, il équipe actuellement l’escadron de reconnaissance 2/33 qui est le premier escadron transformé sur ce type d’appareil ;
– pour sa part, le Mirage IIIC apparaissait pour la dernière fois au Congrès, avec l’escadron 2/10 Seine ; cet avion sera retiré du service en métropole, courant 1985.
Le Congrès
Les congressistes devaient examiner 2 sujets d’étude qui prenaient en compte la menace chimique et biologique, ainsi que celle liée à la guerre électronique. Le premier les conduisait à réfléchir sur l’emploi des moyens aériens du Cafda au profit de la protection d’une mission de pénétration de la Fatac en territoire hostile. Le second avait pour objet l’emploi des moyens de l’Armée de l’air face aux missions de pénétration aérienne adverse.
Concluant les présentations des travaux du congrès, le général commandant le Cafda a souligné l’importance d’un entraînement en commun à basse altitude entre le Cafda et la Fatac, mais aussi l’évolution nécessaire du contrôle aérien à basse altitude du fait de la mise en service du Mirage 2000 et du futur système de détection aéroporté.
La Coupe Comète et la Coupe Tactique
Créée en 1952 par l’Anoraa (Association nationale des officiers de réserve de l’Armée de l’air), pour resserrer les liens entre l’active et la réserve, la Coupe Comète comporte des épreuves de tirs air-air et air-sol. Elle récompense le meilleur escadron de chasse. La Coupe Tactique sanctionne uniquement les épreuves air-sol. Les escadrons de reconnaissance de la Fatac y participent.
L’épreuve air-sol consistait à attaquer dans le Sud-Ouest de la France un Poste de commandement (PC) de transmission régimentaire, défendu par de l’artillerie antiaérienne et par des missiles sol-air Thomson Crotale de l’Armée de l’air, puis à effectuer un tir canon réel aux armes de bord sur le champ de tir de Captieux.
Après un temps de préparation minimum sur leur base de stationnement, ou leur terrain de déploiement pour les plus éloignées, les patrouilles, conduites par les commandants d’escadron, devaient préalablement franchir une porte à une heure et une altitude fixée.
Pour le tir air-air, les qualités manœuvrières des chasseurs pour cette mission reine étaient jugées à partir d’une présentation sur une cible effectuant une manœuvre d’évitement.
La Coupe Comète a été remportée par l’escadron 1/12 Cambresis du Cafda, équipé de Mirage F1 ; la Coupe Tactique est revenue à l’escadron 2/2 Côte d’or de la Fatac, équipé de Mirage III biplace. Les résultats des tirs air-air et air-sol témoignent de l’excellente aptitude des pilotes de chasse à mener leurs missions de guerre.
Le 15e Congrès du transport aérien militaire
Cette année le congrès du transport aérien militaire s’est tenu sur la base aérienne 105 d’Évreux (Eure), du 25 au 29 juin 1984.
Il comprenait des épreuves aériennes et techniques permettant de juger la valeur opérationnelle des escadrons des avions Transall et hélicoptères léger Alouette III, ainsi que celle des unités techniques et des exposés de commissions d’études.
Le premier objectif était d’abord de vérifier, d’une part la compétence des équipages dans leurs choix tactiques et leur aptitude à exécuter leurs missions dans le cadre de scénarios tactiques particulièrement réalistes, comprenant des menaces aériennes et antiaériennes et se déroulant en ambiance de guerre électronique, d’autre part la capacité des mécaniciens à effectuer des dépannages en ambiance dégradée.
Le deuxième était de réfléchir sur des thèmes choisis par le Commandement du transport aérien militaire (Cotam) – emploi des simulateurs de nouvelle génération, spécialisation des escadrons de Transall, application des méthodes de maintenance en vigueur dans les compagnies d’aviation civiles, création d’un Groupe d’entretien et de réparation des matériels aériens spécialisés (Germas) mixte avion-hélicoptère – dont l’étude avait été confiée à 4 commissions présidées par des commandants d’escadres ou de Germas et composées d’officiers des unités du Transport aérien militaire (Tam).
Le 3e objectif était de réunir l’encadrement opérationnel et technique des unités pour favoriser les échanges d’idées.
L’organisation de ce Congrès n’a pas été chose aisée dans le contexte opérationnel réel vécu par le Tam depuis le déclenchement de l’opération Manta au Tchad. Il y est en effet indispensable à la bonne conduite et au soutien de l’opération interarmées, et de ce fait très sollicité.
Les heures de vol consacrées aux épreuves aériennes ont été rentabilisées par les parachutistes de la 11e Division parachutiste au titre de leur entraînement.
Les épreuves aériennes des escadrons avions
Elles se sont déroulées sur le territoire de la Fatac, 1re RA (Région aérienne), dans un cadre tactique qui simulait l’intervention de l’Armée française auprès des forces alliées en Centre-Europe.
Pour la première fois, des moyens du Cafda étaient associés aux épreuves. Il s’agissait de Mirage F1, chargés d’intercepter et d’attaquer les formations de C-160 en vol, et d’unités de missiles sol-air Crotale représentant l’ASA (Artillerie sol-air) ennemie.
Les 5 escadrons tactiques de C-160 – une section de 2 avions pour chacun d’eux – devaient, de jour et de nuit, aérolarguer et aérotransporter sur terrain d’assaut les hommes et les matériels de la 11e Division de parachutistes.
Les épreuves de cette année ont vu une page du Cotam se tourner puisque les avions de transports en service depuis 1953, les Noratlas, n’y participaient pas.
L’équipage de transport 1/61 Touraine a remporté la Coupe Transall.
Les épreuves aériennes des escadrons hélicoptères
Elles ont eu lieu en région toulousaine.
Les 4 escadrons engagés – 2 Alouette III par unité – avaient pour mission, en navigation tactique de jour et de nuit, de découvrir des éléments hostiles, d’éclairer des convois terrestres amis, de transporter à l’élingue du matériel sensible, d’héliporter des commandos et enfin de rechercher et d’hélitreuiller un pilote de combat éjecté.
L’escadron hélicoptère 2/67 Valmy est sorti vainqueur de l’épreuve.
Les épreuves techniques
Les mécaniciens des unités techniques devaient dépanner les aéronefs dont l’indisponibilité avait été créée par les contrôleurs.
Les 3 coupes en jeu ont été remportées par :
– le Germas 15/061 pour les unités 2e échelon,
– le Centre d’instruction des équipages de transport – 63e équipage pour les unités 1er échelon avions,
– l’Escadron hélicoptère 3/67 Parisis pour les unités 1er échelon hélicoptères.
Dans son allocution de clôture, le Chef d’état-major de l’Armée de l’air félicitait le Cotam pour l’excellent travail accompli depuis le dernier congrès. Il évoquait également l’ATF (Avion de transport futur) qui doit, à partir de 1995, assurer la relève des premiers Transall et dont les spécifications opérationnelles sont en cours d’élaboration.