Afrique - Algérie : parution d'une étude sur la politique extérieure - Tchad : fin de l'opération Manta
Algérie : parution d’une étude sur la politique extérieure
L’été 1984 aura connu le mariage étrange et presque bienvenu des deux conjoints les moins bien assortis des États du Maghreb. Le Traité d’union arabo-africain, signé à Oujda (Maroc) le 13 août 1984 par le roi du Maroc et le colonel Kadhafi, puis consacré par référendum au Maroc et par vote des Congrès populaires en Libye, verra, peut-être, la fin de l’instabilité des pays sahéliens, la simplification du problème sahraoui et finalement l’heureux déroulement de la future session de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis Abeba en novembre 1984. Pourtant, rien n’est moins sûr. Le guide de la Jamahiriya (le nom officiel donné à la Lybie), en effet, ne semble pas considérer cet Accord comme un événement décisif et définitif mais comme une étape vers l’union et non l’unité (la nuance, dans son esprit, paraît essentielle) des pays du Maghreb, bref comme la réponse au fait que l’Algérie ait posé des conditions, jugées inacceptables, à l’adhésion de la Libye au traité signé par Alger, Tunis et Nouakchott (Mauritanie). Il continuera sans doute à exercer une pression indirecte (ou du moins à le laisser entendre) sur tous les pays qu’il désire associer à sa cause et sur ceux dont il craint que l’influence ne s’exerce sur la population libyenne. Il est aussi possible que les tensions et difficultés économiques, ressenties par la Libye et devenues plus graves depuis le début de l’année, n’obligent l’inspirateur de « l’État des masses populaires » à modérer ses ambitions, ne serait-ce qu’un temps, celui de reprendre le contrôle des « Congrès du peuple » dont les débats sont devenus de plus en plus critiques à son égard, et d’épurer une armée qui se montrerait moins docile à mesure que grandit son rôle dans la politique étrangère du pays et que diminue le prestige de ses cadres dans la Nation.
D’un autre côté, la population marocaine paraît avoir approuvé presque à l’unanimité le Traité d’Oujda (7 490 514 sur 7 492 644 suffrages exprimés ont été favorables au Traité d’union) avec 2 espoirs essentiels : la coopération avec la Libye, pays pauvre en hommes, pourrait contribuer à une réduction du chômage au Maroc ; l’aide donnée par le colonel Kadhafi au Front POLISARIO étant supposée devoir cesser, la paix revenue au Sahara ramènerait à la fois les hommes au village et plus d’argent dans les familles. Sur le premier point, il semble que la Libye, depuis juillet 1983 (visite du colonel Kadhafi au roi Hassan II) ait consenti un effort déjà considérable en quadruplant le nombre des travailleurs immigrants marocains (2 500 au 30 juin 1983, par conséquent environ 10 000 en 1984), Ce chiffre est encore inférieur à celui atteint par d’autres communautés musulmanes (Égyptiens plus de 180 000, Tunisiens 95 000, Turcs 53 000) ; de nouvelles dispositions (suppression du visa préalable, priorité donnée au Maroc en matière d’emploi), si elles sont réellement appliquées, pourront l’améliorer encore (on parle de 14 000 travailleurs supplémentaires), à la condition, toutefois, que la prospérité d’une économie, fondée entièrement sur les revenus des exportations pétrolières, permette la reprise du développement. Depuis 1980, la baisse de la production et la chute des cours, qui ont provoqué la perte de la moitié des ressources nationales, ont conduit le gouvernement à adopter une politique d’austérité dont les étrangers sont les premières victimes. Quant au second espoir, la fin du conflit saharien, le problème à résoudre n’a fait que changer d’inconnue : après l’entrevue du roi Hassan II et du président algérien Chadli Bendjedid (mars 1983), le règlement du problème sahraoui semblait être subordonné à l’ouverture, jugée alors encore peu vraisemblable, d’un dialogue du Maroc et de la Libye ; ce dialogue s’étant ouvert au-delà de toute espérance, la paix au Sahara dépend maintenant de l’Algérie dont l’attitude ne peut guère être favorable, les conversations maroco-libyennes ayant été trop loin en débouchant sur un accord qu’Alger considère comme opposé à l’entente Tunisie-Algérie-Mauritanie, précédemment conclue et ouverte à tous sous condition du règlement des litiges frontaliers.
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