Conséquences économiques et sociales de la course aux armements
Ce rapport est le 3e, présenté par l’ONU, concernant la question extrêmement délicate de l’influence de la course aux armements sur l’avenir économique, politique, social de l’humanité. En fait, il constitue une mise à jour du rapport rédigé en 1977 dont les recommandations ne semblent avoir été suivies d’aucun effet. Bien au contraire, la course aux armements dans ces dernières années n’a fait que s’accentuer, alors que la crise économique s’est fait lourdement sentir, mettant à mal pratiquement toutes les nations, surtout les pays en développement.
Ce rapport peut donc être considéré comme un rappel à l’ordre adressé aux nations, en particulier bien évidemment à celles qui possèdent les plus importantes industries d’armements, afin qu’un processus de désarmement s’engage vraiment, par réduction des budgets militaires, redéploiement des capitaux au profit de l’économie, réorientation des efforts de recherches en faveur de technologies qui seraient mises en œuvre dans les pays en développement.
Les recommandations exprimées par le groupe d’experts, auteur de ce rapport, sont éminemment louables, mais celui-ci reconnaît, in fine, que les problèmes ne sont pas simples, même si les nations sont réellement convaincues de la nécessité de freiner la course aux armements : il apparaît en effet que la conversion de ressources militaires à des fins civiles dans des pays très différents les uns des autres exige de nombreuses recherches supplémentaires.
C’est pourquoi l’étude, en début d’ouvrage, effectuée par Christian Schmidt, professeur d’économie à l’Université de Paris, est tout à fait intéressante et mérite d’être lue deux fois, avant le rapport et après avoir étudié celui-ci, car elle soulève des questions « subsidiaires » qui montrent bien que la conversion souhaitée est complexe, ne serait-ce d’ailleurs que parce qu’on ne parle pas souvent le même « langage », qu’on ne « compte » pas de la même façon dans tous les pays, et que les effets de la variation d’un paramètre peuvent être différents, même lorsqu’il s’agit de nations appartenant au même groupe : ainsi l’impact des dépenses militaires est favorable à l’emploi en France comme aux États-Unis, mais est inversé dans ces 2 pays pour ce qui concerne le Produit national brut (PNB) et l’investissement.
Pour tenter de préciser le « fonctionnement de relations entre les dynamiques des dépenses militaires et l’environnement économique dans lequel elles opèrent », Christian Schmidt propose quelques pistes de recherches : « l’analyse de la formation des coûts et des prix dans le secteur de l’armement », et « l’analyse des implications financières des programmes de fabrications militaires ». Mais bien d’autres études encore devront être faites, et le chemin est long avant qu’on puisse – en admettant que tous le veuillent – transformer des ressources militaires difficiles à cerner en objectifs civils précis.
Et Christian Schmidt ne manque-t-il pas, en terminant son étude, d’insister sur une difficulté supplémentaire, que le rapport évoque à peine : l’asymétrie entre les informations recueillies à l’Ouest et à l’Est.