Aéronautique - Les sauveteurs plongeurs de l'Armée de l'air
« L’hélicoptère est la seule machine volante qui a sauvé plus de vies qu’elle n’en a coûtées. » Cette réflexion de M. Igor Sikorsky, un des pères de l’aéronautique, s’adapte bien à la mission de certains escadrons d’hélicoptères de l’Armée de l’air en métropole.
En effet, 5 unités appartenant au commandement du transport aérien militaire tiennent une alerte permanente jour et nuit pour la S&R (Search and Rescue, recherche et sauvetage au profit de l’Organisation de l’aviation civile internationale, l’OACI) à Metz, Villacoublay, Cazaux, Aix-en-Provence et Solenzara. De plus, dans le Sud-Ouest, dans le Sud-Est et en Corse, grâce aux capacités et aux performances d’un appareil particulièrement adapté à la mission – le SA 330 Puma (hélicoptère moyen biturbine de 7 tonnes en charge, il possède un treuil latéral avec 50 mètres de câble et une capacité de 275 kilos) –, les interventions peuvent aussi bien couvrir le domaine maritime que terrestre.
Ces missions de secours, effectuées au profit des civils ou des militaires, sont particulièrement délicates car elles ont souvent lieu dans des conditions difficiles (mauvais temps, nuit, etc.) et toute erreur peut avoir des conséquences fatales. L’équipage du Puma doit donc être particulièrement soudé et bien entraîné à la mission. Il comprend :
– 2 pilotes,
– 2 mécaniciens navigants dont un opérateur treuilliste,
– 2 sauveteurs plongeurs,
– et le plus souvent, un médecin pour pouvoir donner les premiers soins sans perdre de temps.
Pilotes, mécaniciens, médecins appartiennent à des spécialités connues de tous, mais, quels sont ces « hommes-grenouilles » hélitreuillés dont la fonction dans l’Armée de l’air est sauveteur plongeur ?
Sélection et formation en école
Avant de se porter volontaire pour ce métier si spécifique, le sauveteur plongeur est un sous-officier appartenant à l’une des 3 spécialités : moniteur de sport, pompier, fusilier-commando.
Titulaire du brevet de secouriste, il est admis, s’il répond à certains critères physiques, à l’École de plongée de la Marine nationale à Saint-Mandrier, où il obtient, à l’issue de 4 semaines de stage, son certificat de plongeur de bord. Puis, il est dirigé sur une unité du CEAA (Commandement des écoles de l’Armée de l’air) : le Centre d’instruction des techniciens de la sécurité de la base aérienne de Cazaux, où pendant 5 semaines très denses en cours théoriques et en exercices pratiques, il continue à s’initier à la plongée de plus en plus profonde et découvre, avec l’aide de l’escadron d’hélicoptères 01/067, ce qui sera plus tard son pain quotidien : le treuillage.
Breveté sauveteur plongeur, il est alors affecté dans une des 3 unités de « Puma S&R » de l’Armée de l’air : à Cazaux, Aix-en-Provence ou Solenzara.
Formation en unité
Aussitôt en unité navigante, le nouveau breveté est « parrainé » par un chef de plongée dans le but de devenir opérationnel. Entraînement intensif du jeune spécialiste qui continue à travailler la théorie avec « son ancien », mais qui commence aussi à voir de près tout ce qui n’est pas dans les livres : les ficelles d’un métier dangereux, dans lequel chaque geste demande une grande précision et où il est primordial de garder la tête froide quelle que soit « l’entrée en matière ».
Sortir de l’hélicoptère à 50 mètres de hauteur, pendu à un câble au-dessus d’une mer le plus souvent froide et agitée, en étant quelquefois très proche des superstructures menaçantes des bateaux, ne représente, en effet, que le tout début de son intervention. Il va falloir ensuite passer une brassière à un marin pêcheur ou à un plaisancier à évacuer d’urgence sur demande d’un Cross (Centre régional opérationnel de secours et de sauvetage), ou conditionner dans une civière flottante ballottée par les flots un pilote de combat dont la colonne vertébrale a souffert au cours d’une éjection.
Pendant que le sauveteur opère, patiemment à son aplomb, le reste de l’équipage attend en « stationnaire » dans une position souvent difficile à tenir et qui nécessiterait des réactions très promptes si une panne survenait.
Petit à petit, le jeune sauveteur va apprendre à avoir entière confiance en cet équipage expérimenté et à mettre toute son énergie dans ces quelques minutes intenses pendant lesquelles il doit avoir des gestes à la fois précis et rapides quel que soit l’environnement.
Après quelques mois, il obtient la qualification opérationnelle. Sa condition physique doit être parfaitement entretenue. Il se montre alors autant capable de plonger à 40 mètres que d’évoluer sur des pitons rocheux. Il peut faire face à toutes les situations qui nécessitent un sauvetage en hélicoptère, quel qu’en soit le lieu.
Ultérieurement, il pourra, éventuellement, parfaire ses connaissances et devenir chef de plongée à l’issue d’un nouveau stage de 3 semaines. Son expérience lui permettra alors de parrainer un jeune sauveteur plongeur sortant de l’école.
Après 5 ou 10 ans de ce contrat exaltant mais éprouvant, le sauveteur plongeur doit retourner à sa spécialité d’origine. Il le fera en gardant les meilleurs souvenirs de cette carrière très spécifique qui ne concerne qu’une toute petite partie de la population des sous-officiers de l’Armée de l’air : celle des spécialistes du sauvetage aérien.