Faits et dires
* À propos de l’Initiative de défense stratégique (IDS) : Je voudrais poursuivre ce que nous faisons, c’est-à-dire les recherches visant à établir s’il existe une telle arme et si elle est praticable et faisable. Si cette faisabilité est établie et si nous pouvons produire une telle arme, je serais alors disposé, avant le déploiement, à m’asseoir à la table et d’une certaine manière à internationaliser le problème, en d’autres termes à négocier avant que la moindre chose ne soit installée, afin de nous assurer que les Soviétiques ont bien compris que nous n’essayons pas de nous donner une capacité de première frappe et que notre but reste l’élimination des armes nucléaires.
Ronald Reagan, interview au New York Times, le 12 février 1985
* La réalisation des projets du gouvernement des États-Unis dans l’Espace signifierait qu’il ne serait plus question d’une réduction et encore moins d’une liquidation des armes nucléaires. Cela ouvrirait en outre la voie à une nouvelle course aux armements dans toutes les directions et ébranlerait la sécurité internationale.
Andrei Gromyko, leader soviétique, à Kaliningrad, le 19 février 1985
* Les « Dix » ont pris note avec grande satisfaction de la décision des États-Unis et de l’Union soviétique d’engager des négociations le 12 mars 1985, visant à prévenir une course aux armements dans l’espace et à mettre fin à celle qui se poursuit sur la Terre, à limiter et à réduire les armes nucléaires et à renforcer la stabilité stratégique.
Communiqué des ministres des Affaires étrangères européens,
à Rome, le 12 février 1985
* Aucun concept de guerre limitée, aussi bien nucléaire que classique, n’est acceptable pour nous Européens… Il est à craindre que le stationnement de systèmes d’armes défensifs dans l’Espace conduise à une nouvelle augmentation de l’armement offensif sur la Terre. Les plans américains font craindre une véritable instabilité. La France reste persuadée que la paix dépend toujours du maintien d’un équilibre de la dissuasion.
M. Charles Hernu, ministre de la Défense, à Munich, le 9 février 1985
* Un système de défense spatiale doit prendre pleinement en compte l’unité stratégique du territoire de l’Alliance. Les instabilités stratégiques doivent être évitées, en particulier dans les phases transitoires.
Le chancelier de RFA, Helmut Kohl, à Munich, le 9 février 1985
* Le secrétaire américain à la Défense, Kaspar Weinberger, ayant invité les alliés des États-Unis à intégrer leur potentiel scientifique dans le projet IDS, le ministre ouest-allemand de la Défense, Manfred Wörner, a fait savoir, le 11 février 1985 que « cette coopération n’était concevable que si les États-Unis n’érigeaient plus de limitations technologiques ». La RFA entend donc avoir accès à tous les secrets.
* La Grande-Bretagne soutient fermement la décision du président Ronald Reagan de poursuivre les recherches dans le domaine de la défense contre les engins balistiques nucléaires. Elle espère que les scientifiques britanniques seront associés à ces travaux.
Mme Thatcher, Premier ministre britannique,
devant le Congrès américain, le 20 février 1985
* Sur les négociations MBFR [Mutual and Balanced Force Reductions] : L’Union soviétique a présenté, le 14 février 1985, un nouveau projet de réduction des forces en Europe centrale. Moscou offre de retirer, dans le délai d’un an, 20 000 hommes si Washington fait de même pour 13 000 de ses soldats. Les négociations de Vienne se poursuivraient ensuite pour plafonner les effectifs de chaque alliance à 900 000 hommes.
* Le 21 février 1985 à Vienne, l’Union soviétique a signé avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’AIEA, un accord plaçant sous son contrôle certaines installations nucléaires civiles d’URSS. Le délégué soviétique, M. Petrosiants, a fait ce commentaire : « C’est un acte de bonne volonté pour signaler que l’URSS est hostile aux armes nucléaires et à leur prolifération. »
* On attribue à Yalta [1945] la division de l’Europe alors que celle-ci n’est pas due à ces accords eux-mêmes mais à leur violation par les puissances occidentales.
M. Lomeiko, porte-parole du ministère soviétique
des Affaires étrangères, le 4 février 1985
* « Nous devons nous garder d’identifier les peuples qui habitent tel ou tel pays aux visées et aux pratiques de leurs dirigeants… ». Cet argument permet aux membres de la Commission « Justice et paix » et de la Commission « économique et internationale » de la fédération protestante de France de rejeter la dissuasion nucléaire, car « le recours à certains moyens constituerait un mal plus grand qu’une défaite ». Dans le document que ces associations chrétiennes viennent de publier, on préconise la défense civile : « Celle-ci consiste à organiser la résistance non militaire de l’ensemble de la société de telle sorte que l’agresseur ait peu d’espoir de retirer des profits politiques, économiques et idéologiques de son initiative ». Ce document n’a aucun caractère officiel contrairement au texte des évêques français de 1983, Gagner la paix.