Défense en France - « Défendre la paix » ou la bible de la défense selon Charles Hernu
L’ouvrage que Charles Hernu vient de faire paraître aux éditions J.-C. Lattes est en fait un recueil de ses discours, allocutions, interventions dans les débats parlementaires, surtout depuis 1983. Le ministre de la Défense est, on le sait, l’un des rares titulaires d’un département-clé à être resté en place depuis sa nomination en 1981. On sait aussi qu’avant son arrivée rue Saint-Dominique, il possédait déjà une connaissance approfondie des problèmes de défense, pour l’étude desquels il avait toujours marqué sa prédilection.
Fils d’un officier de gendarmerie, élevé dans le respect des valeurs républicaines et du civisme, n’avait-il pas donné à la revue qu’il dirigeait le titre très jaurèsien de L’année nouvelle ? Député-maire de Villeurbanne, cofondateur et président de la convention des institutions républicaines, il avait, au sein de cette instance, donné une place de choix aux questions de défense. Il leur avait d’ailleurs consacré deux ouvrages : Soldat-citoyen et Nous, les Grands. De plus, conférencier familier de l’Institut des hautes études de Défense nationale (IHEDN), il n’était pas un inconnu pour les officiers qu’il allait avoir à diriger et il jouissait auprès d’eux d’un crédit, fruit d’un long investissement intellectuel. Au total, la sympathie qu’inspirait l’homme l’emportait sur les réticences et les interrogations que suscitaient certaines de ses positions théoriques.
Homme de dialogue, Charles Hernu sut faire fructifier ce capital. Réaliste et soucieux de s’informer, il confronta ses idées aux données concrètes que faisaient apparaître les dossiers préparés par les états-majors sur quelques-uns des grands problèmes de l’heure, notamment sur le service national et les questions qu’il soulève : quel service et pour quels besoins ? Quelle durée et à quel prix ? Quel équilibre entre les effectifs et les équipements ? Très vite il sut reconnaître que l’idéal du « soldat-citoyen » tenait plus au contenu du service qu’à sa durée et qu’en définitive le vécu du service et la manière de servir avaient autrement d’importance pour l’efficacité opérationnelle des unités et pour les liens qui se tissaient par le biais de ce service entre l’armée et la nation.
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