Défense à travers la presse
Des espions qui se font expulser de Grande-Bretagne ou qui « filent à l’anglaise » d’Allemagne fédérale (RFA), un satellite sur orbite basse détruit par une arme antimissile américaine, l’incapacité des pays européens à s’entendre pour fabriquer en commun le futur avion de combat dont ils ont besoin, autant de sujets qui n’auraient pas manqué d’alimenter la chronique s’il n’y avait eu l’interminable affaire Greenpeace. Que l’Union soviétique confonde couramment espionnage et diplomatie indigne bien moins les beaux esprits qu’une opération coup de poing menée contre des adversaires résolus de notre effort de défense.
Il est vrai que ce qui s’avère nécessaire ne doit pas être hasardé, mais n’est-ce pas sottise que d’être outré plus qu’il ne convient ? Le cardinal de Retz prétendait que « ce qui est méprisable n’est pas toujours à mépriser. » Imaginerait-on que ceux qui s’agitent comme un essaim aux alentours de Mururoa (Polynésie française) sont vêtus de probité candide et de lin blanc ?
Vouloir abolir notre droit, n’est-ce pas du même coup abolir la loi ? Devrait-on le taire par angélisme ? On a beaucoup fait reproche aux responsables de dissimuler, comme si la transparence était de règle en de telles circonstances, comme si la sécurité et la paix n’étaient pas d’un prix aussi grand que la vérité ! Dissimuler peut aussi bien être une vertu qu’un devoir, tout comme la discrétion et les femmes de chambre ne l’ignoraient point. Qu’en savent aujourd’hui les censeurs outragés ? On a pu voir, le 14 septembre 1985, dans son émission « droit de réponse », Michel Polac, journaliste et écrivain français, prendre fait et cause pour Greenpeace (ce qui est son droit) sans manifester la moindre connaissance du sujet puisqu’il parlait spontanément du M-16 britannique, ignorant de toute évidence qu’il s’agissait du service Military Intelligence 6, autrement dit du MI-6. De telles bévues sont significatives.
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