Revue des revues
• La revue Survival publiée par l’Institut international d’études stratégiques de Londres contient dans son numéro de novembre/décembre 1985 un article de Stephen M. Meyer, professeur associé de science politique au Massachussetts institute of technology (le prestigieux MIT), dont le sujet est le programme stratégique soviétique face à l’Initiative de défense stratégique américaine.
La faisabilité de l’IDS (Initiative de défense stratégique) est en effet liée aux réactions soviétiques, mais celles-ci sont mal connues. Stephen Meyer étudie d’abord la manière dont les Soviétiques la perçoivent. Pour eux, l’expérience acquise depuis la guerre montre que les États-Unis peuvent transformer en fait technologique ce qui paraît être de la science-fiction : ni les obstacles scientifiques et techniques ni le coût financier ne sont pour eux insurmontables. Il y a cependant peu de chances qu’ils parviennent à leurs fins avant la fin du siècle. Mais les Soviétiques ressentent l’affaire comme le début d’une nouvelle forme de course aux armements qui exige une riposte. Les implications de la compétition entre superpuissances ont trop d’impact sur la politique internationale – et le domaine militaire est le seul où l’URSS a atteint la parité avec les États-Unis – pour ne pas prendre une valeur de symbole. D’après Stephen Meyer, il en résulte que les Soviétiques n’ont pas besoin de suivre le mouvement déclenché par l’IDS mais doivent démontrer qu’ils ont atteint un niveau analogue dans les domaines scientifique et technique. Les discussions en Occident portent surtout sur les armes alors que les difficultés majeures se rencontreront pour l’acquisition des objectifs, la poursuite des buts et le pointage des armes, la conduite des systèmes. Les solutions dépendront étroitement de la microminiaturisation des composants, où les États-Unis jouissent d’un avantage considérable. Les Soviétiques ont des retards importants dans les logiciels, et d’autres déficiences exigeront une réorganisation complète de leur industrie et de leur économie militaires, ce qui exige du temps et des décisions relativement proches sur les investissements qui seront nécessaires. Il en est de même pour les armements conventionnels. De plus, l’économie soviétique plie déjà sous le poids des dépenses militaires. Une compétition dans un nouveau domaine introduirait des éléments perturbateurs dans un système rigide. En fait l’IDS est considérée comme faisant partie d’un ensemble stratégique, les États-Unis cherchant à négocier en position de force pour annuler les gains acquis par l’URSS dans la décennie 1970 en atteignant la parité stratégique.
Stephen Meyer étudie ensuite la menace que fait peser l’IDS sur les principaux objectifs stratégiques des Soviétiques. Pour les chefs militaires, le problème est de savoir comment cette IDS modifie leur doctrine et leur stratégie. La dissuasion en est le cœur, même si la destruction mutuelle assurée n’est pas automatiquement acceptée. Il faut que l’Union Soviétique remédie aux risques inhérents à une influence politique fondée sur la puissance militaire, ce qui exige de maintenir la parité nucléaire avec les États-Unis, une supériorité nucléaire et classique vis-à-vis de l’Otan et de la Chine, pour garder l’initiative de la guerre, le contrôle de l’escalade et dominer les équilibres régionaux.
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