Aéronautique - L'Armée de l'air au service du public
Le 9 décembre 1985, pour récompenser sa participation aux nombreuses missions humanitaires et d’aide au service du public, la 65e Escadre de transport stationnée à Villacoublay a été décorée de la médaille d’honneur (argent) du service de santé des armées par le médecin général inspecteur François Sclear, directeur du service de santé des armées. Cette distinction est le reflet du rôle majeur de l’Armée de l’air dans le cadre du service au public dont la chronique de ce mois-ci se propose de dresser le tableau.
Ce service offert par l’Armée de l’air est caractérisé par la vitesse d’intervention de ses moyens aériens et par la permanence de sa capacité, à partir de ses bases aériennes ou de plates-formes plus ou moins aménagées, qui peut s’exercer en métropole bien sûr, mais aussi à travers tout le monde, de l’océan Indien à l’océan Pacifique en passant par les continents africain et américain.
Les missions afférentes peuvent être classées en 3 catégories : missions humanitaires, fonctionnement minimum des services publics en temps de crise, direction ou participation de la mission SAR (Search and Rescue) en cas d’accident aérien ou maritime.
Missions humanitaires
Lors de catastrophes survenant à l’étranger, dans les départements et territoires d’outre-mer, voire sur le territoire national, les armées peuvent être amenées à mettre en œuvre une Force d’assistance humanitaire d’intervention rapide (Fahmir). Ce dispositif de secours d’urgence, normalement acheminé par la voie aérienne militaire, par avion C-160 Transall du Cotam (Commandement du transport aérien militaire) comprend tout ou partie des éléments suivants :
– un élément médical militaire d’intervention rapide (Emmir) qui, en liaison avec les autorités locales, doit apporter au plus tôt les soins aux victimes, là où le dispositif sanitaire se révélerait insuffisant ;
– un détachement de l’Alat (Aviation légère de l’Armée de terre) à base d’hélicoptères dont la mission est de participer à la recherche, au sauvetage et à l’évacuation des victimes ainsi qu’à l’acheminement des ravitaillements de secours ; cette mission peut également être exécutée par un des C-160 transporteurs ou par les hélicoptères de l’Armée de l’air stationnés près du lieu de la catastrophe ;
– une équipe de transmissions ;
– la bioforce, chargée de porter secours, sous forme d’une aide en savoir-faire et en produits biologiques, aux États qui en feraient la demande, afin de faire face à une situation difficile.
Chacun de ces éléments doit être prêt à embarquer 24 heures au plus tard après le déclenchement d’une mission.
Cette participation essentielle à la Fahmir ne représente pourtant qu’un volet du concours de l’Armée de l’air aux missions humanitaires hors métropole. En effet, grâce à ses avions DC-8, Caravelle et Transall, elle est appelée à porter secours aux pays victimes de calamités naturelles (sécheresse, famine, cyclone, éruption volcanique…). En 1985, au titre de ces missions, l’Armée de l’air est intervenue en Colombie, en Éthiopie, aux îles Fidji, en Gambie, en Guinée, à Madagascar, au Mali, au Niger, au Sénégal, en Somalie, au Soudan et au Vanuatu. Elle a effectué près de 900 heures de vol et transporté près de 2 000 passagers et 1 400 tonnes de vivres ou de médicaments.
S’agissant des évacuations sanitaires et des transports d’organes humains à greffer (foie, cœur, rein), ils sont essentiellement confiés à la 65e Escadre de transport « GAEL » (Groupe aérien de liaison et d’entraînement) équipée de MS 760 Paris, de N 262 Frégate et de Mystère 20.
Pour les évacuations sanitaires, le GAEL arme en permanence un N 262 en version sanitaire (possibilité de réanimation et de perfusion à bord). Les services médicaux des bases aériennes, en particulier celui de la base de Villacoublay, assurent ainsi chaque année le transport d’urgence de près de 400 malades en 1 000 heures de vol.
La demande de transport d’organes humains à greffer est en pleine expansion puisque cette année, 60 missions représentant 150 heures de vols ont été effectuées. L’Armée de l’air du fait de la disponibilité quasi instantanée de ses équipages et de ses avions, et de la rapidité de ceux-ci, est la seule en mesure de satisfaire la demande des services hospitaliers.
Missions de recherche et sauvetage
Un autre domaine d’action de l’Armée de l’air au service du public résulte de ses compétences en matière de recherche et de sauvetage pour ce qui concerne les accidents aériens et maritimes. La mission SAR – Search and Rescue (recherche et sauvetage) – est dévolue à la direction générale de l’aviation civile (DGAC) ; mais, en pratique, depuis 1945, cette mission est placée sous la responsabilité de l’Armée de l’air.
L’espace aérien national est partagé en 5 régions d’information en vol – FIR (Flight information région) –, dont le rôle est d’assurer le contrôle et l’écoulement du trafic aérien. À chacune de ces FIR est associé un Centre de coordination et de sauvetage (CCS), unité du Cafda (Commandement air des forces de défense aérienne), implantée auprès des Coz militaires (Centre opérationnel de zone) des régions aériennes.
La mission générale des CCS consiste à coordonner la manœuvre de recherche, à participer aux sauvetages et à la prévention des accidents aériens, et, enfin, à organiser des exercices SAR au profit des préfectures. Dans le cas du déclenchement d’une opération SAR réelle, ils sont plus spécialement chargés du recueil des renseignements, de l’engagement des moyens de recherche, de la coordination générale des opérations aériennes, terrestres et maritimes, ainsi que du contrôle tactique des moyens aériens. Ceux-ci, dits semi-spécialisés, sont en permanence mis en alerte pour participer à la mission SAR ; il s’agit d’un Nord 2501 équipé pour la recherche des balises de détresse et le largage d’équipements de survie, et de 3 hélicoptères Alouette III et Puma.
Au cours de la dernière année, l’Armée de l’air est ainsi intervenue dans 38 opérations de recherche à la suite d’accidents réels dont 24 concernaient des appareils civils. Elle a participé à près de 300 alertes de recherche de balise de détresse et à 150 alertes d’incertitude ou de détresse, dont 60 étaient justifiées. Cette action a permis de sauver 54 vies humaines.
La rapidité d’action, la souplesse d’emploi et la permanence de la capacité d’intervention en tout lieu, sont donc les caractéristiques essentielles des services rendus par l’armée de l’air au public. Ce rôle majeur dans l’accomplissement de missions humanitaires et d’aide au service du public est souvent méconnu ou oublié. Il mérite donc d’être mis en valeur au même titre que les missions spécifiques de défense confiées à l’Armée de l’air. ♦