Armée de terre - À propos des lycées militaires - Le char futur
À propos des lycées militaires
Le 18 décembre 1985, le général d’Armée Schmitt, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), s’est rendu au lycée militaire d’Autun (Saône-et-Loire) qui, en juin 1985, avait célébré avec éclat le centenaire de la formation des écoles militaires préparatoires. Cette visite nous procure l’occasion de nous attarder un peu sur ce que nos lecteurs connaissent sous l’appellation des « Écoles d’enfants de troupe ».
Des écoles d’enfants de troupe…
Le sort des familles des soldats et plus particulièrement des enfants a toujours été un sujet de préoccupation des chefs militaires et de l’État. Il s’agit en effet pour une Nation reconnaissante de prendre en charge les enfants de ceux de ses serviteurs qui ont voué et souvent sacrifié leur vie à sa défense.
En 1766, alors que Choiseul réorganisait les Armées du roi, une ordonnance de Louis XV stipulait que les enfants mâles des sous-officiers et soldats de chaque régiment, nés au corps, pourraient, à raison de deux par compagnie, être pris en charge et soldés dès l’âge de 10 ans. À 16 ans, ces jeunes gens devaient s’engager pour 8 ans. Cette ordonnance est capitale car elle marque le début de l’aide apportée officiellement par l’État aux familles militaires.
Sous la Révolution et l’Empire, de nombreux textes viennent régir les conditions d’admissions et d’instruction de ces enfants. En 1876 une première école d’enfants de troupe est créée à Rambouillet. Il faut cependant attendre 1884 pour que soit décidée l’ouverture de 5 nouvelles écoles militaires préparatoires : Saint-Hippolyte du Fort, Montreuil-sur-Mer, Autun et Billon en 1886 et Les Andelys en 1887 ; simultanément, on supprime la présence d’enfants de troupe dans les régiments. Ces établissements devaient procurer aux enfants « l’instruction et l’éducation leur permettant de servir utilement le pays et l’armée ». En 1886 est également ouverte par un particulier, le commandant Hériot, une école primaire pour les enfants orphelins, fils de militaires ; cette école existe toujours à La Boissière, près de Rambouillet ; depuis 1966 l’Éducation nationale en a la charge.
Jusqu’en 1919, ces écoles constituent une pépinière de futurs sous-officiers. Puis jusqu’en 1942, elles élargissent leurs débouchés pour préparer aux écoles de sous-officiers. Après 1942, celles qui subsistent sont principalement orientées vers la préparation des concours d’entrée aux écoles d’officiers.
… Aux lycées militaires
En 1960, les écoles prennent l’appellation de lycées militaires. Leur double vocation est confirmée : apporter une aide aux familles assujetties à une mobilité spécifique et en particulier à des séjours à l’étranger, et favoriser le recrutement de futurs officiers.
Dans ces établissements où seul demeure admis le régime de l’internat, le style de vie a suivi l’évolution de l’environnement. Les enseignants sont détachés par l’Éducation nationale et l’encadrement provient des Armées. Les cadres militaires sont choisis pour leur compétence et leurs qualités pédagogiques.
Il existe actuellement 4 lycées militaires dépendant de l’Armée de terre (Saint-Cyr-l’École, La Flèche, Aix-en-Provence, Autun) et 2 écoles techniques (Tulle, Issoire). En outre, il faut mentionner l’école des pupilles de l’air créée en 1941 à Grenoble et le collège naval de Brest créé en 1966.
En 1982, un décret unifie la réglementation des divers lycées militaires et précise les conditions d’entrée et de formation. Depuis 1984, le recrutement privilégie les enfants des agents de l’État et ouvre ces lycées aux jeunes filles. C’est ainsi que dès la rentrée de 1984, celles-ci ont été 72 réparties dans les lycées militaires de l’Armée de terre ; 123 ont été admises en 1985.
Le sérieux des études menées dans ces lycées militaires, de la seconde à la terminale, n’est plus à démontrer (le 1er cycle n’est maintenu depuis 1984 qu’à Autun et Grenoble). Les résultats du baccalauréat de 1984 constituent un bon critère de jugement : le pourcentage global de réussite est de 88,30 % avec 430 succès pour 487 candidats (série A : 77 reçus pour 79 candidats ; série B : 85 sur 95 ; série C : 182 sur 211 ; série D : 61 sur 66 ; série E : 25 sur 36).
En outre, les lycées militaires préparent les élèves candidats aux concours des grandes écoles militaires (École spéciale militaire de Saint-Cyr, École de l’air, École navale, École polytechnique). Ces préparations sont suivies, soit par des jeunes gens ayant accompli leur cursus scolaire dans les lycées militaires, soit par ceux venant de l’extérieur, qu’ils soient ou non enfants de fonctionnaires. De ce fait se trouve assurée une large diversification dans les origines socio-professionnelles des candidats. Une enquête récente montre que 55 % des candidats à Saint-Cyr, inscrits dans les classes préparatoires des lycées militaires, ont suivi leur enseignement secondaire dans des établissements civils. De plus, de nombreux lycées de l’Éducation nationale préparent les jeunes gens aux concours militaires dans les classes de « Mathématiques supérieures » et « Mathématiques spéciales » ; enfin, quelques lycées (Henri IV à Paris ; Stanislas à Nancy ; Dumont d’Urville à Toulon) disposent de classes préparatoires à Saint-Cyr.
Comme le signalait le général Chef d’état-major de l’armée de terre (Cémat) dans l’allocution prononcée à Autun, environ 30 % des élèves admis dans les classes préparatoires à Saint-Cyr sont issus de familles militaires (ce qui n’a rien d’anormal et démontre l’attachement de la communauté militaire à son institution) ; 26 % proviennent de familles de fonctionnaires et d’agents publics et 44 % sont des jeunes gens dont les parents exercent une profession du secteur privé (agriculteurs, employés, ouvriers). Il ne serait donc pas justifié de parler d’autorecrutement.
Ainsi, aujourd’hui les lycées militaires assument pleinement leur double mission : la mission sociale au profit de la communauté militaire, en lui donnant la possibilité d’assurer à certains de ses enfants des conditions de scolarisation normales et décentes à l’abri des aléas nombreux de la mobilité des parents appelés à servir en tous lieux, tous temps, toutes circonstances ; la mission d’aide au recrutement des officiers, en préparant aux concours des grandes écoles militaires des bacheliers scientifiques et littéraires issus de tous les lycées de France.
Le char futur
Le 30 janvier 1986, présentant à la presse le char futur, M. Quilès, ministre de la Défense, a annoncé que ce char prendrait le nom d’AMX Leclerc et que, bien entendu, la 2e DB (Division blindée) serait la 1re à en être équipée.
Ce char futur, qui relèvera les AMX-30 à partir de 1991, est dans sa phase ultime de définition. Son armement est le canon de 120 millimètres lisse, au standard franco-allemand récemment adopté par les États-Unis pour le M-1 Abrams de 2e version.
La masse du char est de l’ordre de 50 tonnes. Les caractéristiques fondamentales sont une très grande puissance de feu et une cadence de tir élevée, jointes à une très forte protection et une exceptionnelle agilité tout terrain grâce à la puissance de son moteur (près de 30 CV à la tonne). En outre, ce char disposera des 3 qualités suivantes :
– possibilité de tir en marche en toutes configurations grâce à la stabilisation de l’armement et au chargement automatique des munitions ;
– aptitude au combat tout temps en s’affranchissant des dispositifs rigides des formations de chars grâce aux équipements IR thermique et à un système de navigation autonome ;
– réseau radio fonctionnant par transmission de données sur poste à évasion de fréquences pour contrer la menace électronique.
L’originalité essentielle de ce char est la compacité, obtenue par le faible encombrement de son groupe motopropulseur (1 500 CV dans le volume du moteur AMX-30), le choix d’une tourelle extra-plate (toit du char plus bas que celui de l’AMX-30), et la réduction de l’équipage à 3 hommes (chef de char, tireur, pilote).
Les prototypes sont prévus pour 1988-1989, le 1er engin de série pour 1991.