Aéronautique - La composante Air de la Force d'action rapide (FAR)
Frapper fort, vite et loin
Créée en 1983 et mise en place le 1er juillet 1984 à l’occasion de la réorganisation de l’Armée de terre, la FAR (Force d’action rapide), forte de 47 000 hommes, a été conçue pour répondre à une double mission : d’une part aider les alliés à repousser une offensive blindée en Europe occidentale hors des frontières françaises, et d’autre part, intervenir dans les plus brefs délais dans les parties du monde où des intérêts nationaux pourraient être menacés ou pour y honorer des accords de défense avec des pays étrangers.
Plus qu’une grande unité qui manquerait de souplesse, il convient de considérer la FAR comme un ensemble d’unités spécialisées dans des domaines divers tels que : action antichars, montagne, outremer, opérations aéroportées, etc., que l’on emploierait en fonction des circonstances du moment.
Appui aérien au profit de la FAR dans le cadre d’opérations sur un théâtre Centre-Europe
Si la 4e Division aéromobile (DAM), cette grande unité dotée d’hélicoptères antichars performants, possède intrinsèquement la qualité d’aéromobilité, les autres unités de la FAR, pour se déplacer sur des distances allant au-delà de 250 kilomètres, devraient faire appel aux avions C-160 Transall du Cotam (Commandement du transport aérien militaire), dont les équipages ont été spécialement entraînés aux atterrissages et décollages d’assaut sur des pistes sommairement préparées, de jour comme de nuit. Élément fondamental de la mobilité aérienne, le Cotam est également chargé de participer à la manœuvre par le largage de parachutistes, par le transport des moyens logistiques et par l’utilisation de certains Transall comme postes de commandement volants, comme cela a été récemment expérimenté lors de l’exercice Fartel.
Par ailleurs, la maîtrise de la 3e dimension est essentielle pour garantir à la FAR la sûreté de sa manœuvre et donner à son engagement toute sa signification stratégique. Ainsi, le Cafda (Commandement air des forces de défense aérienne), en coopération avec les Alliés, doit participer à la protection aérienne des opérations terrestres et aéroportées.
De même, dans le domaine de l’appui-feu, la Fatac (Force aérienne tactique), avec la capacité de feu de ses chasseurs-bombardiers, constituerait un facteur déterminant pour obtenir des neutralisations significatives dans la profondeur du dispositif ennemi. Un seul Jaguar peut emporter 4 tonnes d’armements très divers et attaquer une demi-heure après son décollage un objectif situé à 450 km de sa base. Douze Jaguar équipés en roquettes sont capables de délivrer en quelques secondes une puissance de feu équivalente à celle de 3 régiments d’artillerie de 155 tirant pendant 5 minutes.
Enfin, face au besoin du renseignement, le Mirage F1-CR, nouvel avion dont la 33e escadre de reconnaissance est en cours d’équipement, doté de capteurs modernes et capable de transmission de données de reconnaissance en temps réel, représente un moyen complémentaire de qualité pour le recueil du renseignement.
Pour augmenter l’efficacité des dispositifs aériens engagés, la Fatac peut également mettre en œuvre des moyens de détection et de contrôle couvrant la zone de l’avant ainsi que des chaînes de transmission reliant le Poste de commandement (PC) de la Fatac aux organismes air implantés auprès des grandes unités terrestres.
Appui aérien au profit de la FAR en opérations outre-mer
Les interventions outre-mer, où le facteur temps est souvent déterminant, sont le domaine privilégié des opérations aéroterrestres qui allient rapidité et aéromobilité. Les moyens du Cotam représentent donc un élément essentiel dans ce genre d’opérations. Ceci s’est vérifié dans les 10 dernières années, soit lors d’opérations réelles, soit au cours d’exercices exécutés dans le cadre de nos accords de défense : largage du 1er REP (Régiment étranger de parachutistes) à Kolwesi en 1978, transport du 1er RPIMa (Régiment de parachutistes d’infanterie de Marine) en République centrafricaine en 1979, support d’opérations ou exercices menés par la Fatac en Mauritanie, au Sénégal, au Gabon, au Liban et au Tchad.
La mise en place au Tchad en quelques jours de plus de 3 000 hommes, de plus de 3 500 t de matériel et d’un détachement opérationnel d’avions de combat lors de l’opération Manta de 1983, a préfiguré avant l’heure (la FAR a été mise en place en 1984) ce que pourrait être la forme de participation de l’Armée de l’air à un engagement outremer de la FAR.
Lors de la mise en place de la force Manta, 3 DC-8 et 26 Transall ont été utilisés simultanément. Cependant, pour des opérations de cette envergure, la capacité de transport instantanée du Cotam est insuffisante et les Armées sont obligées d’affréter en complément des gros-porteurs civils. Le remplacement du Transall par un avion plus performant, permettant d’acheminer plus loin et plus rapidement une charge plus importante, et doté malgré tout de capacités tactiques, est actuellement à l’étude : il devrait permettre au Cotam de disposer à l’horizon 2000 d’une capacité de transport répondant mieux aux besoins auxquels il doit faire face.
S’agissant de la capacité d’intervention armée, les chasseurs-bombardiers ravitaillâmes en vol de la force aérienne tactique répondent parfaitement au besoin d’une action rapide ponctuelle. Dès 1977, la Fatac a commencé à envoyer en Afrique des cellules aériennes de plusieurs chasseurs-bombardiers Jaguar accompagnés d’avions ravitailleurs C-135F et d’avions de soutien Transall. La puissance de feu des appareils engagés et leur rapidité de mise en place ont toujours permis d’en limiter le volume.
Rappelons que les Jaguar sont intervenus en Mauritanie, au Tchad, en Centrafrique, au Sénégal, au Gabon et au Liban, dans le cadre d’opérations réelles, d’exercices ou d’accords de défense. Depuis peu, des Mirage F1 du Cafda, ravitaillables en vol, s’y sont joints afin de compléter la protection aérienne de nos différents détachements.
Ainsi, l’expérience acquise par les unités de l’Armée de l’air dans ces différentes actions valorise pleinement les capacités de la FAR dans son engagement outremer.
Conclusion
Capables d’intervenir dans les plus brefs délais partout où les intérêts de la France le commandent, les différents moyens de l’Armée de l’air, grâce à leur puissance de feu, leur souplesse d’emploi et la disponibilité des personnels, constituent une composante indispensable à l’efficacité de la force d’action rapide, tant dans le cadre de son engagement sur un théâtre Centre-Europe que lors d’opérations outre-mer.