Revue des revues
• Dans la livraison de février de la Revue des Deux Mondes, François Fillon, chargé des questions de défense au RPR (Rassemblement pour la République), propose de réviser les missions, le niveau et l’organisation de l’Armée de terre. S’agissant des premières, il reconnaît que « la sécurité de la France n’est pas séparable de celle de l’Europe et plus particulièrement de l’Allemagne » ; il souhaite que l’on concrétise cette solidarité en accordant des garanties sur l’engagement de nos forces classiques en Europe, et que l’on entreprenne une concertation étroite avec le gouvernement allemand sur les conditions d’emploi de nos forces nucléaires tactiques. Il semble que sur ces deux points le président Mitterrand a apporté une réponse positive le 16 janvier 1986 à Baden, lors de sa rencontre avec le chancelier Kohl. On peut donc se réjouir de la convergence des trois grands partis politiques en ce domaine.
François Fillon estime que nos moyens sont suffisants pour assurer l’autre mission prioritaire, celle de la présence française outre-mer, et qu’ils sont de toute façon limités par nos capacités logistiques. Mais négligeant la mission de défense opérationnelle du territoire, il souhaiterait qu’en Europe nos forces terrestres soient moins dispersées, plus disponibles (sans mobilisation de réservistes) et en fait, réduites en volume. Il critique en conséquence la restructuration du commandement, qui retire à l’autorité de la 1re Armée, la FAR (Force d’action rapide), les Hadès (missile nucléaire tactique) et dans certains cas le 3e Corps d’armée. Il craint que la modernisation des forces nucléaires, nécessaire pour faire face aux progrès de la défense antimissiles soviétique, n’impose de réduire encore le budget de l’Armée de terre. Il paraît en conclusion rejeter la conscription, inefficace et inégalitaire à ses yeux, sans dire comment il la remplace. Il propose enfin de « porter le débat devant l’opinion publique en termes concrets, sans a priori idéologique ». Si ce débat a lieu, souhaitons que les besoins opérationnels, matériels et humains de la défense, soulignés par le chef d’état-major de l’armée de terre (Défense Nationale, février 1986), soient pris en considération, en même temps que les arguments financiers mis en lumière par les économistes du CEDSI (Centre d’études de défense et de sécurité internationale) (« l’effort économique de défense », ARES – Académie de recherche d’études supérieurs –, 1985).
Maurice Faivre
Il reste 89 % de l'article à lire