Armée de terre - Une journée « Sciences et Défense » à Coëtquidan - Le poste radio de 4e génération
Journée « science et défense »
Une journée « Science et défense » placée sous la présidence d’honneur de Monsieur André Giraud, ministre de la Défense, s’est tenue à Saint-Cyr Coëtquidan le 21 mai 1986. La présidence effective a été assurée par le général d’armée Maurice Schmitt, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat). Plus de 500 participants, officiers des trois armées et des services, ingénieurs de l’armement, industriels et universitaires, ont débattu d’un thème d’intérêt commun : la formation des cadres militaires à l’ère des nouvelles technologies.
Quatre sujets ont été proposés à la réflexion des auditeurs : données techniques, opérationnelles et humaines de la guerre moderne ; formation des cadres à leur rôle opérationnel (élaboration de la décision et emploi des matériels) ; formation des officiers à leur technique (participation à l’élaboration des matériels et des techniques) ; pédagogies adaptées à la formation des cadres militaires.
Lors de l’allocution de clôture, le Cémat, après avoir mentionné le grand intérêt avec lequel il avait suivi l’ensemble’ des travaux, a insisté sur le fait que l’Armée de terre n’est pas seulement une armée de traditions mais aussi une armée moderne dont les officiers reçoivent une formation poussée qui leur permettra de faire face aux exigences des années 2000. Il a notamment insisté sur les deux idées suivantes :
– L’Armée de terre est, aujourd’hui, une armée scientifique et technique ; les dispositions qu’elle a adoptées, notamment dans le domaine de la formation des cadres, lui ont permis de prendre la mesure de ce bouleversement fondamental.
– Cette formation doit tenir compte de la nécessité de préparer nos cadres au commandement des hommes au combat et de disposer, en temps de paix, de toute la gamme de spécialistes dont l’Armée de terre a besoin.
Développant la première idée, il a déclaré : « L’Armée de terre, depuis 25 ans, s’est ouverte de façon spectaculaire aux technologies nouvelles. Aujourd’hui, c’est une Armée moderne équipée de matériels complexes et performants servis par des techniciens compétents… Aucun secteur n’échappe à l’entreprise de rénovation et de modernisation sans précédent qui est la nôtre (nos structures, nos équipements, nos méthodes d’instruction, de gestion, de commandement). Le fait que le poids financier des études et développements des équipements de l’Armée de terre rattrape celui des autres armées témoigne de l’importance de l’effort consenti…
…Si l’on jette un regard sur ce qu’est aujourd’hui la réalité du champ de bataille avec la permanence de la menace nucléaire et chimique, la puissance, la portée et la précision des armes, la complexité de la logistique, l’omniprésence de l’électronique, de l’informatique, de l’optronique, du laser, le commandement en temps réel, l’on mesure tout l’effort de formation qu’il a déjà fallu consentir pour garantir la capacité opérationnelle de nos unités.
Et les systèmes d’armes actuellement en phase de recherche et de développement ne feront qu’accroître pour demain la nécessité de disposer de cadres formés à la culture scientifique contemporaine et de spécialistes pointus couvrant tout l’éventail des technologies utilisées. Cela a d’ailleurs pour conséquence que les frontières entre nos armes traditionnelles (infanterie, arme blindée, artillerie…) deviennent de plus en plus imprécises au fur et à mesure que s’affirme le caractère interarmes du combat moderne.
Cette irruption de la science et de la technologie dans l’Armée de terre, si elle l’a rapprochée des armes traditionnellement reconnues plus techniques qu’elle, doit prendre en compte, bien sûr, les spécificités propres à l’environnement terrestre. Lorsqu’il s’agit d’explorer les possibilités offertes par l’intelligence artificielle en environnement terrestre, on se heurte à une complexité bien plus grande que celle de l’environnement aérien ou maritime ; par conséquent, les réalisations y seront moins spectaculaires et le cerveau humain y restera toujours plus sollicité, avec toutes les difficultés de formation que cela sous-entend.
À ces difficultés, le prolongement de la scolarité à Saint-Cyr portée à trois ans à partir de 1982 et l’élévation du niveau des études qui en résulte, constituent un élément de réponse… Je suis heureux d’ailleurs de constater les succès que remportent nos jeunes Saint-Cyriens en stage dans les entreprises ; ils n’ont pas à rougir de la comparaison avec des élèves formés dans les écoles d’ingénieurs. Le prolongement des études à l’École militaire interarmes (EMIA), dont la scolarité est portée à deux ans à compter de la prochaine rentrée, répond au même souci.
Enfin, s’agissant des techniciens spécialisés que sont nos sous-officiers, il faut savoir que, dès maintenant, plus de 50 % d’entre eux sont bacheliers au moment de leur recrutement dans les écoles ».
À propos de la seconde idée, le général Schmitt soulève les questions suivantes : « L’officier doit-il être un ingénieur ? L’Armée de terre ne doit-elle disposer que d’officiers ayant une formation d’ingénieur ?
L’Armée de terre présente des caractères spécifiques qu’il convient de ne pas oublier. La finalité de la formation d’un officier est de mener des hommes au combat. Ce serait une dérive dangereuse que de calquer exclusivement notre formation sur celle des ingénieurs ou des diplomates ; car si les technologies évoluent au rythme de la science, si les concepts d’emploi des forces évoluent avec la technique et l’environnement géopolitique et si, par voie de conséquence, la compétence de l’officier nécessite une mise à jour permanente de ses connaissances, c’est en fait l’alliage de ces trois composants majeurs : compétence, force de caractère, désintéressement, qui fait les chefs militaires. Et tout projet de formation doit bien prendre garde de ne pas rompre l’équilibre de cet alliage en favorisant l’un des composants au détriment des autres ».
Dans sa conclusion, le général Schmitt a déclaré : « L’Armée de terre a un besoin vital de scientifiques de haut niveau dont la formation doit être adaptée à notre spécificité, donc débarrassée des matières fondamentales et finalisée vers la compréhension des techniques d’intérêt militaire, c’est-à-dire une formation qui permette le dialogue avec les ingénieurs. Mais si elle n’a pas besoin que de scientifiques, il importe toutefois, au plus haut point, que la formation des « littéraires » prenne en compte l’impérieuse nécessité, pour l’officier du XXIe siècle, de comprendre et de maîtriser son environnement technico-opérationnel.
Le système actuel de formation de nos officiers me paraît dans l’ensemble répondre à nos besoins. Je rappelle, mais vous le savez, que, à l’issue de la formation initiale dispensée à Coëtquidan – formation qui vient, nous l’avons vu, d’être modifiée dans le sens voulu –, les officiers de l’Armée de terre accéderont successivement aux enseignements militaires du 1er puis du 2nd degré. Bon nombre d’entre eux, par le biais du diplôme ou du brevet technique, deviendront des spécialistes de haut niveau capables de dialoguer avec les ingénieurs de l’armement ou les inspecteurs des finances pour ne citer que ces exemples.
Ce système de formation nous est envié. Certains lui reprocheront d’être discontinu dans le temps. Mais le commandement demeure la vocation première de l’officier et celui-ci, tel Antée, reprend des forces et s’enrichit à chaque nouveau contact avec la troupe ».
Le Poste radio de 4e génération (PR4G)
Dans un environnement électromagnétique très dense et en ambiance sévère de guerre électronique, le système de transmissions radio tactique futur est destiné à assurer les liaisons internes des grandes unités, des régiments, des unités élémentaires et même des systèmes d’armes. Il doit remplacer à partir de 1992 la plupart des postes MA et MF de 3e génération.
Les possibilités offertes actuellement par l’emploi de la micro-informatique et de la numérisation permettent d’envisager pour la 1re fois une conception « système » des postes radio futurs destinés aux réseaux de transmissions tactiques. L’amélioration majeure attendue d’un tel système concerne essentiellement une protection optimale contre les actions de guerre électronique quel que soit l’échelon considéré (interception, écoute, localisation, brouillage, intrusion). En cas de brouillage intense, les capacités minimales à assurer seront dans l’ordre croissant de l’intensité de brouillage : la phonie, la transmission de données rapide, la transmission de données lente permettant en particulier la diffusion de l’alerte.
Des mesures destinées à s’opposer aux contre-mesures consisteront en : sauts de fréquences aléatoires pour contrer les menaces d’interception, d’intrusion, de localisation, de brouillage ponctuel, de brouillage aléatoire et intelligent ; recherche de canal libre à l’émission de la station directive pour les postes travaillant en liaison point à point ; ce mode permet de contrer la menace de brouillage large bande ; chiffrement intégré de l’information pour contrer la menace d’identification.