Afrique - Soudan : petits pas vers la démocratie et, peut-être, la paix ? - Unanimité de façade au Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA)
Soudan : petits pas vers la démocratie et, peut-être, la paix ?
L’évolution du Soudan après les élections d’avril 1986 a confirmé, dans une certaine mesure, la tendance qui se faisait jour depuis le début de l’année : l’Oumma, le parti des Ansars, est le mieux placé pour restaurer l’unité nationale. Toutefois, les atermoiements du gouvernement provisoire militaire ont affaibli la position de M. Sadek el Mahdi, chef de l’Oumma, devenu Premier ministre à la suite des élections constitutionnelles ; ils ont rendu presque impossible une abolition pure et simple de la Charia, pratique de la loi islamique imposée à tout le pays par le maréchal Nemeiry sous l’influence des « frères musulmans ».
À l’appui du premier point, il est évident que les Ansars représentent un courant culturel capable de comprendre et d’accepter comme « authentiques » les traditions du Sud. Par conséquent, M. Sadek el Mahdi paraît être la personnalité musulmane la mieux à même de négocier avec M. John Garang, leader du Mouvement populaire pour la libération du Soudan (MPLS). Il n’est pas certain cependant que le premier, s’il admet que les particularismes du Sud donnent à cette région un droit à l’autonomie, pût suivre le second dans ses projets de réforme des structures de l’ensemble de l’État soudanais. Or, le programme du MPLS – comme le nom de ce mouvement l’exprime – concerne toute la Nation soudanaise et non les seules provinces du Sud dont l’indépendance n’était réclamée avant 1972 que par les partisans de l’ancien Anya-Anya. Aptes à se comprendre sur le plan culturel, les deux hommes s’opposent donc sur le plan idéologique. M. Sadek el Mahdi a besoin de la population d’un Sud autonome pour conforter l’« africanité » de ses partisans, mais il ne souhaite certainement pas se montrer trop conciliant à l’égard d’un mouvement dont l’idéologie s’apparente à celle du gouvernement éthiopien. Ce type de marxisme, adapté aux conditions des populations rurales, est rejeté aussi par le parti communiste soudanais dont la base est constituée par un prolétariat d’origine plutôt citadine.
Il reste 90 % de l'article à lire