Défense en France - Bilan et perspectives de la coopération de défense franco-allemande
En signant – il y aura bientôt 25 ans, le 22 janvier 1988 – le Traité dit de l’Élysée, le général de Gaulle et le chancelier Adenauer entendaient imprimer à l’histoire, encore toute frémissante d’un siècle de conflits, un cours nouveau et sceller une entente franco-allemande qui serait l’élément moteur de la construction européenne dont la base économique venait d’être jetée par le Traité de Rome (1957). Dessein grandiose et généreux s’il en fut. mais qui faillit bien sombrer quelques mois plus tard lorsque le Bundestag ratifia bien le Traité de l’Élysée mais en le coiffant d’un préambule qui le vidait de sa substance et en évacuait le caractère bilatéral privilégié, puisqu’il faisait de la subordination à l’Alliance atlantique et de l’intégration des forces dans le cadre de l’Otan (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) les conditions d’une défense commune. C’était infliger un refus de suivre le fondateur de la Ve République sur la voie qu’il venait d’ouvrir en direction de l’indépendance vis-à-vis de la puissance américaine par le moyen d’une politique de défense dotée d’une force nucléaire autonome.
De 1963 à 1983 : heurs et malheurs de la Coopération dans les domaines stratégique, opérationnel et de l’armement
En matière de défense, les relations au sommet cessèrent pratiquement après l’échec du projet de force multilatérale lancé par les États-Unis. Lorsqu’ensuite la France, en 1966, quitta les organismes intégrés de l’Otan, le maintien du 2e Corps d’armée français (CA) en Allemagne donna lieu à des négociations délicates mais qui aboutirent, car il était de l’intérêt aussi bien des Alliés que de la République fédérale d’Allemagne (RFA) de voir sur le sol allemand trois divisions françaises constituant les seules réserves immédiates du commandement Centre-Europe.
En dépit de l’agitation de certains cercles politiques ou d’études stratégiques à propos de l’emploi de l’arme nucléaire et les querelles doctrinales portant sur la « sanctuarisation » et le refus de la « bataille de l’avant », les états-majors français et alliés signèrent des accords qui jetaient les bases et définissaient les conditions de l’engagement des forces françaises en Allemagne (Accords Aillerct-Lemnitzer, Fourquet-Goodpaster, Valentin-Forber, Delaval-Allen). Et la pratique de la coopération au niveau le plus bas mais indispensable à la vie quotidienne du 2e CA français en Rhénanie-Palatinat et Bade-Wurtemberg ne fut pas compromise par ces débats stériles.
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