Revue des revues
• La très intéressante revue scientifique La Recherche, dans son n° 182 de novembre 1986, publie un article sur « les armes à antimatière », par André Gsponer et Jean-Pierre Hurni.
Le terme d’antimatière peut prêter à confusion. En fait, une antiparticule a la même masse et le même spin qu’une particule mais avec une assez forte charge électrique de signe opposé. Un antiproton correspond ainsi au proton mais avec une charge égale et négative, le positron (ou électron positif) correspondant à l’électron mais avec une charge électrique égale et positive. Ce dernier est connu depuis 1932 et a été découvert par Cari David Anderson dans le rayonnement cosmique. Dans la nuit du 17 au 18 juillet 1986, au Laboratoire européen de particules nucléaires (CERN), des antiprotons ont pu être conservés pendant plus de dix minutes. Quand on pourra « mettre en bouteille » quelques dizaines de ces antiprotons, il sera possible de mener une expérience des plus importantes pour les théories d’unification des forces physiques fondamentales.
Des chercheurs américains du laboratoire militaire de Los Alamos se sont, paraît-il, fort intéressés aux antiprotons. Il semble que cet intérêt ne soit pas nouveau puisque Edward Teller, père de la bombe H américaine, en collaboration avec Enrico Fermi, a publié en 1947 un article sur la capture par la matière de particules négatives plus lourdes que l’électron. La moitié des publications non classifiées de Edward Teller parues depuis 1945, et une bonne partie de celles d’Andrei Sakharov concernent de près ou de loin l’antimatière. Dès 1950, on a étudié l’allumage par l’antimatière d’un mélange de deutérium et de tritium (1). On sait qu’en théorie la rencontre d’une particule et de son antiparticule aboutit à une réaction d’annihilation au cours de laquelle les masses des deux se transforment entièrement en énergie. Cette réaction serait trois cents fois plus puissante que celle d’une fusion ou d’une fission. Elle démarre toute seule sans qu’on ait besoin de masse critique. C’est donc une allumette nucléaire idéale à condition de pouvoir la fabriquer.
Il reste 85 % de l'article à lire