La crise des rapports atlantiques née du conflit du Proche-Orient, en particulier les menaces non équivoques de M. Schlesinger, Secrétaire d'État à la Défense, quant à une éventuelle révision de la présence militaire américaine en Allemagne, mettent au premier plan de l'actualité la question que pose Phil Williams : la dissuasion peut-elle être encore effective en cas de diminution substantielle du niveau des forces conventionnelles américaines en Europe ? Cet article est traduit de l'anglais. Son auteur est chargé de cours de « Relations internationales » à l'université d'Aberdeen (Écosse).
Les retraits de troupes américaines et la sécurité européenne
Il y a vingt ans, John Foster-Dulles menaçait de procéder à une révision déchirante des relations de l’Amérique et de l’Europe occidentale. Cette menace est devenue aujourd’hui plus réelle qu’elle n’a jamais été durant la guerre froide.
En signant le traité de l’Atlantique Nord en avril 1949, les États-Unis affirmaient par-là même leur volonté de souscrire à la sécurité et à l’indépendance de l’Europe occidentale et d’interdire toute extension de l’influence soviétique.
La présence des troupes américaines en Europe après la guerre de Corée devint le gage visible de cet engagement. Aujourd’hui cependant, des tendances se font jour qui suggèrent un retournement possible de cette politique et il est très peu probable que les États-Unis continuent à jouer à l’avenir le rôle de garant de la sécurité en Europe occidentale avec le même enthousiasme que par le passé. Des doutes croissants s’élèvent quant à la détermination des Américains de maintenir leur contribution à cette sécurité bien au-delà des années 70. Les Européens ont donc des raisons de s’inquiéter d’une diminution substantielle de l’appui américain à l’Alliance. Mais jusqu’à quel point ces craintes sont-elles justifiées ? Est-il réellement concevable que l’Europe puisse perdre la position prééminente qu’elle a longtemps tenue d’allié le plus important de l’Amérique et se voir reléguée au rang d’une simple « zone grise » périphérique dans les calculs de Washington ? Une « européanisation » fera-t-elle suite inévitablement à la « vietnamisation » ? Mais dans le cas où certaines des prévisions les plus pessimistes viendraient à se réaliser et où des retraits substantiels de troupes américaines interviendraient, les implications pour l’Europe en seraient-elles aussi désastreuses qu’on le suppose généralement ? La sécurité européenne dépend-elle effectivement du maintien du niveau actuel des troupes américaines, ou bien des réductions, même assez importantes (peut-être 50 % des forces actuelles) sont-elles tolérables ? Quelles mesures peut-on prendre pour adoucir les effets les plus néfastes de telles réductions ? Enfin, y a-t-il des solutions de rechange qui pourraient être envisagées aux actuels arrangements de sécurité et s’avérer viables à long terme aussi bien qu’à court terme ?
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