Défense dans le monde - Australie : le complexe du Kangourou
C’est en 1988 que l’Australie célébrera le bicentenaire de l’arrivée des premiers colons sur ce continent immense, aux antipodes de la course de l’hémisphère Nord pour le pouvoir planétaire. En près de deux cents ans les Australiens immigrés auront créé une société unique où les institutions et les cultures sont empruntées à celles de la Grande-Bretagne, de l’Europe continentale et des États-Unis. Le résultat donne en fait une société fondée sur l’individualisme, et l’égalitarisme sans lequel une nation n’existe pas.
La mentalité emprunte très fermement la tradition anglo-saxonne et celle des églises réformées. À ce titre, l’Australie a repris à son compte le combat du siècle dernier mené par les missions protestantes anglo-saxonnes contre les catholiques françaises. À propos de l’influence de l’Australie dans la crise néo-calédonienne, Jean-Pierre Doumenge notait : « Les grandes confréries protestantes rêvent depuis trente ans de constituer un solide axe politique Vancouver-Sydney qui lierait l’ensemble des petits États insulaires océaniens à l’action « civilisatrice » de l’Australie et de l’Amérique du Nord, et qui formerait une sorte de glacis protecteur à ces deux grands ensembles continentaux : dans ce contexte, le maintien dans la république des archipels francophones constitue une gêne » (1).
Régis Debray, secrétaire général du conseil du Pacifique Sud faisait remarquer le 14 février 1986 dans une interview au journal Libération : « Nous sommes à Mururoa avec le libre consentement de la Polynésie… Sous prétexte de dénucléariser cette région il s’agit, je le crains, de la défranciser, d’entériner en somme une domination anglo-saxonne unilatérale ».
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