Afrique - Angola : la dure route vers l'Ouest - Le Tchad au cœur du Sommet de Lomé
Angola : la dure route vers l’Ouest
Si le rapprochement du Zimbabwe et surtout du Mozambique avec les pays occidentaux réclame, pour dépasser les intentions verbales, une certaine complicité de l’Afrique du Sud, rien n’interdit à l’Angola de cheminer seule vers l’Occident, rien sinon les séquelles d’une décolonisation difficile, dont les traces ne devraient plus guère avoir qu’un caractère affectif. La sécurité des populations sud-africaines, voisines des deux États orientaux, et le rôle joué par Pretoria dans leurs économies respectives, pourraient, à la rigueur, justifier, d’un côté, et rendre possible, de l’autre, les interventions sud-africaines dans la politique intérieure de ces États. De telles interventions ne peuvent guère s’expliquer en ce qui concerne l’Angola qui ne saurait représenter, géographiquement parlant, une menace directe pour l’Afrique du Sud. Mais l’Angola sert de refuge et de base d’entraînement aux guérilleros de l’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO), qui opèrent en Namibie, et c’est parce que Pretoria n’a pas encore renoncé à la tutelle qu’elle exerce sur l’ancienne colonie allemande, bien qu’elle ne soit plus en droit de le faire depuis longtemps, que ses dirigeants soutiennent la rébellion de l’UNITA (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola) contre le pouvoir du MPLA (Mouvement populaire de libération de l’Angola), installé à Luanda. Ils apportent cette aide avec d’autant plus d’opiniâtreté que le mouvement de M. Savimbi (UNITA) a paru, jusqu’ici, augmenter constamment son influence sur les populations rurales et que l’Afrique du Sud ne dispose d’aucune emprise économique sur l’ancienne possession portugaise de la côte Atlantique. L’attitude qu’adoptent les gouvernements occidentaux à l’égard des agissements de l’Afrique du Sud contre ses voisins, proches ou lointains, doit donc tenir compte de ces différences : elle devrait être légitimement plus sévère quand il s’agit de condamner des incursions militaires sur le territoire angolais que lorsqu’il faut réprouver les raids entrepris pour éliminer les foyers de l’ANC (Congrès national africain), au Mozambique, au Botswana, au Lesotho ou au Swaziland, puisque, dans le cas de ces raids, la sécurité des populations d’un État reconnu est directement concernée.
Bien entendu, aucun de ces gouvernements n’ignore l’appui que Pretoria accorde au RNM (Résistance nationale du Mozambique) dont tes activités tendent à déstabiliser le pouvoir du Mozambique et se sont intensifiées après la mort du président Samora Machel. Les guérilleros de ce mouvement ont leurs sanctuaires au Malawi, seul pays africain ayant des relations diplomatiques avec l’Afrique du Sud ; la complicité des dirigeants malawites, qui ne peuvent pas ignorer la présence des combattants du RNM sur leur territoire, justifie le soutien que le Zimbabwe et, plus discrètement le Mozambique, voudraient accorder aux opposants du président malawite Banda. Un éventuel accord sur ce point aurait été contracté par Harare et Maputo, selon les dires de Pretoria, qui en fait grand cas, sans doute pour justifier son propre comportement à l’égard de ces deux États. Il est possible aussi que le gouvernement sud-africain ait voulu faciliter, de cette manière, la désignation de M. Joaquim Chissano, que l’on suppose porté à l’entente avec l’Afrique du Sud, comme successeur de M. Samora Machel. Les manifestations anti-malawites, survenues à Maputo après l’accession à la présidence de cet ancien ministre des Affaires étrangères, pourraient alors avoir été un geste inspiré par le nouvel élu pour indiquer à Pretoria les limites à ne pas dépasser dans l’intervention.
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