La restriction des fournitures de pétrole que les États arabes producteurs ont récemment décidée pour faire pression dans le conflit du Proche-Orient fait surgir la question des stocks stratégiques. L'auteur, qui appartient au Secrétariat général de la défense nationale (SGDN), l'a étudiée en ce qui concerne les États-Unis (en ce qui concerne la France, cf. Alain Gayet : « Faut-il une politique de stocks stratégiques ? », RDN d'avril 1973) et note que le pétrole ne figure pas dans la liste des stocks stratégiques américains ; les réserves exploitables outre-Atlantique couvrent la consommation de plusieurs années. La politique de stockage représente une charge pour les États-Unis, mais elle leur confère en contrepartie un moyen d'intervention sur le marché et sur les cours mondiaux de certaines matières premières. À long terme cependant, cette arme peut être retournée par le Tiers-Monde à son profit puisque 75 % des approvisionnements stratégiques américains en proviennent.
Les stocks stratégiques des États-Unis
Aucun pays, même le plus vaste d’entre eux l’U.R.S.S., ne trouve sur son propre territoire la totalité des matières premières nécessaires à son industrie et à sa défense. Les États-Unis n’échappent pas à la règle et dépendent actuellement de leurs importations pour environ un tiers de leurs besoins.
Afin de diminuer la vulnérabilité résultant de leurs approvisionnements extérieurs, les Américains ont pris, tant à l’échelon du gouvernement qu’à celui des entreprises, une série de mesures : diversification des sources d’importation, impulsion à la prospection minière sur le sol national, recherche de substituts, amélioration des techniques d’extraction et de transformation, maintien de certaines exploitations pourtant non rentables, récupération de métaux après utilisation…
Cependant, ces expédients ont été jugés insuffisants pour assurer un approvisionnement régulier des matières premières d’importance stratégique. Depuis la deuxième guerre mondiale, l’Administration a jugé que la constitution et l’entretien de stocks étaient la seule solution pour soustraire les matériaux nécessaires à la défense aux aléas d’importations étrangères.
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