Défense à travers la presse
Le terrorisme sous toutes ses formes ayant encore joué avec les nerfs de l’opinion en décembre, jusqu’à inhiber des jurés, M. Badinter ayant supprimé la Cour de sûreté de l’État, la presse n’a guère prêté d’attention à des réunions aussi importantes que la conférence parlementaire de l’Union de l’Europe occidentale et le Conseil atlantique. Certes, l’information ne fit pas défaut mais fut dépourvue de tout commentaire.
L’intervention de M. Jacques Chirac, premier ministre, à l’UEO a paru suffisamment importante à l’éditorialiste du Monde, le 4 décembre, pour nous valoir de sa part l’appréciation suivante :
« La charte des principes de la sécurité de l’Europe occidentale, proposée par M. Jacques Chirac, s’articule en fait autour de deux grandes idées. Celles-ci ne rendent certes pas un son très nouveau, en particulier en France où l’on conçoit qu’elles aient reçu sans trop de peine l’aval de l’Élysée. La première est que la dissuasion nucléaire reste le seul moyen de garantir la paix en Europe : vaille que vaille, elle a préservé le continent de tout vrai conflit depuis la Deuxième Guerre mondiale, en dehors des soubresauts internes au camp soviétique. Autrement dit, sortir de la logique de la dissuasion, en particulier par le recours à un système de protection spatiale (d’une réalisation au demeurant aléatoire) est dangereux. À cette dissuasion, la France et la Grande-Bretagne, toutes deux membres fondateurs de l’UEO, apportent une contribution proprement européenne qui pourrait servir au renforcement politique du continent. En second lieu, tout ce qui conduirait au découplage euro-américain en matière de défense est redoutable, qu’il s’agisse d’un repli de Washington derrière son futur bouclier spatial ou d’un accord américano-soviétique sur la fameuse option zéro qui finirait, après le démantèlement des euromissiles de l’Otan et du Pacte de Varsovie, par laisser les Européens de l’Ouest face aux forces conventionnelles de l’Est, très largement supérieures aux leurs. Manifestement, M. Chirac a ainsi exprimé la crainte de bon nombre d’Européens après le sommet de Reykjavik où MM. Reagan et Gorbatchev ont été si près, semble-t-il, de s’entendre sur un tel démantèlement ».
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