Armée de terre - La 4e division aéromobile - L'Armée de terre dans la lutte contre le terrorisme
La 4e Division aéromobile
Officiellement créée en juillet 1985, la 4e Division aéromobile (4e DAM) constitue sans doute la pièce maîtresse de la Force d’action rapide (FAR). La mise sur pied de cette division et l’élaboration de son concept d’emploi résultent de trois années d’expérimentations menées par le 1er Corps d’armée avec la « force éclair » puis par la 1re Armée et la FAR avec la « brigade aéromobile ». Destinée à agir le plus souvent en premier échelon de la FAR, cette nouvelle grande unité possède, ainsi que le signalait son chef dans un éditorial paru dans la publication Terre information (septembre 1986), la capacité organique de frapper fort, vite et loin et donc de créer par surprise une supériorité locale temporaire au moment et au lieu choisis.
Sa puissance de feu théorique instantanée de 400 missiles aisément renouvelable et bientôt tout temps, peut être manœuvrée à la vitesse de dix fois celle du char en tout terrain en se jouant des coupures, des obstacles, des réfugiés. Son style d’action, du type « coup de poing » antichar, alterne les concentrations très rapides et les interventions brutales des 90 hélicoptères antichars, pour obtenir localement et temporairement un rapport de forces favorable et de brusques esquives suivies de larges dispersions. Par sa souplesse d’emploi, elle est la seule grande unité à pouvoir, après un premier combat, se dégager sans délais pour être réengagée sur une nouvelle direction, éventuellement à plusieurs centaines de kilomètres.
Cette division est constituée d’environ 7 000 hommes dont 50 % sont de carrière en majorité techniciens hautement qualifiés et 50 % sont des appelés, de 240 hélicoptères et d’une sérieuse capacité antichar instantanée : plus de 400 missiles Milan et Hot. Elle effectue annuellement 50 000 heures de vol, dont plus de 5 000 sont accomplies de nuit, pour son instruction et son entraînement au combat, ce qui représente la moitié des heures de vol de la compagnie Air Inter. Elle est articulée en quatre régiments d’hélicoptères de combat, un régiment de combat aéromobile entièrement motorisé et pouvant être héliporté, un régiment de commandement et de soutien et un bataillon du matériel.
Aujourd’hui les équipements majeurs de cette grande unité sont constitués d’hélicoptères antichars Gazelle (SA-342 Hot) ; équipant les escadrilles antichars des régiments d’hélicoptères de combat, cet appareil a une vitesse de 250 kilomètres/heure et une autonomie de 2 heures 30 ; des améliorations sont en cours de réalisation afin de faciliter le pilotage par la mise en place de jumelles de 3e génération à intensification de lumière et le tir par réalisation de viseur thermographique à télémètre laser ; de plus les performances du missile antichar Hot (Haut Subsonique Optiquement Téléguidé) vont être améliorées ; d’hélicoptères Gazelle canon de 20 millimètres qui seront équipés de l’arme antiaérienne très courte portée ; d’hélicoptères de manœuvre SA-330 Puma, susceptibles d’enlever chacun 15 combattants totalement équipés ; le pilotage de ces appareils de nuit et par mauvaises conditions météorologiques est désormais possible grâce aux jumelles de 3e génération.
Au cours de la prochaine décennie, de nouveaux appareils feront leur apparition, en particulier l’hélicoptère appui protection (HAP) dont la mise en service est prévue pour les années 1990-1995. Cet appareil, équipé d’un canon et de roquettes pour assurer son autoprotection et l’appui au sol des unités, sera optimisé pour la lutte anti-hélicoptère. L’hélicoptère de combat futur (hélicoptère antichar : HAC) bénéficiera des dernières innovations techniques dans le domaine de l’optronique pour le pilotage et le tir de nuit et par mauvaises conditions météorologiques : son équipement avec le missile antichar de 3e génération est actuellement prévu.
Le 14 juillet dernier, le président de la République François Mitterrand a assisté à une présentation dynamique de cette division. À cette occasion le général Maurice Schmitt, Chef d’état-major de l’Armée de terre, avait déclaré qu’il fallait voir un symbole entre le défilé du 14 juillet, essentiellement composé d’unités du corps blindé et mécanisé, en particulier la 10e Division blindée au complet, et la présentation de la 4e DAM. « Rien ne saurait mieux illustrer, a-t-il dit, la complémentarité dans la manœuvre des forces blindées et des forces aéromobiles qui sont deux atouts majeurs de nos forces terrestres. Soixante-dix ans après son premier engagement en Champagne, le char demeure toujours l’arme de la puissance, de la mobilité tactique, de la permanence sur le champ de bataille. Mais l’hélicoptère confère une nouvelle dimension au combat moderne… Avec la division aéromobile qui se déplace à 250 kilomètres à l’heure, puis épouse le terrain, l’Armée de terre dispose d’une capacité antichar stratégique ; son action combinée avec celle des deux divisions légères blindées dans le cadre de la FAR, précède, prépare ou appuie l’engagement du corps blindé mécanisé ».
L’Armée de terre dans la lutte contre le terrorisme
Depuis le mois de septembre dernier, les armées participent à la lutte contre le terrorisme sur l’ensemble du territoire national. C’est ainsi que l’action de la gendarmerie, de la police de l’air et des frontières ainsi que celle des douanes, ont été renforcées dans les zones frontalières terrestres et maritimes ainsi que sur quelques aéroports. Les effectifs mis en place par l’Armée de terre sont légèrement supérieurs à 1 400 hommes par jour, fournis sous forme de petits détachements qui agissent en collaboration très étroite avec les services spécialisés concernés. Ceux-ci apprécient hautement, du reste, l’efficacité de ce concours.
Les missions comportent des patrouilles le long des diverses frontières, l’établissement de contrôles, la recherche d’explosifs. En outre, les militaires renforcent la sécurité de certains points d’entrée en France et notamment des aérodromes. Toutes les régions militaires fournissent leur contribution à cette mission : ainsi, pour la frontière belge, ces militaires sont prélevés dans des unités du 3e Corps d’armée (CA) de Lille ; pour la frontière avec la République fédérale d’Allemagne (RFA), les unités proviennent de la 6e Région militaire (RM) et des forces françaises d’Allemagne ; dans le Sud-Ouest, c’est la 4e RM et notamment la 11e Division parachutiste qui fournissent les effectifs ; la Division alpine assure, en alternance avec d’autres unités de la 5e RM, la couverture des Alpes.
On peut estimer que sont contrôlés par l’ensemble des moyens utilisés, par semaine, 120 000 personnes et 85 000 véhicules. Cette mission a reçu d’emblée l’adhésion des cadres et des personnels engagés dans cette action en dépit des charges supplémentaires qu’elle entraîne. L’impact est également positif sur la population.
Par ailleurs, il n’est pas sans intérêt de mentionner, ainsi que l’a fait la presse belge, qu’en novembre dernier un exercice militaire franco-belge a été conduit par les états-majors de la 21e Division territoriale (Lille) et ceux des provinces belges de Namur et de la Flandre occidentale. La presse belge, à cette occasion, a précisé que l’une des missions des unités de défense du territoire concernées serait, en temps de guerre, de lutter contre les Spetsnaz, forces soviétiques d’élite spécialisées dans les opérations d’infiltration, de sabotage et de terrorisme menées avant le déclenchement d’une attaque.