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L’Europe indispose l’Oncle Sam
On peut le déplorer, on ne peut le masquer : les relations entre la Communauté économique européenne (CEE) et les États-Unis sont chagrines. N’en déplaise au général Vernon Walter, Ambassadeur des États-Unis aux Nations unies, dont la rude franchise n’est pas dépourvue d’habileté, la faute en incombe à Washington qui depuis quelque temps accentue ses moyens de pression pour sauvegarder ses propres marchés. Il y a eu la querelle sur les exportations de céréales américaines vers l’Espagne, inscrite d’ailleurs dans une critique très vive de la construction agricole européenne. Mais il n’y a pas que l’Europe verte à irriter les Américains. Le succès des machines-outils allemandes indispose les autorités de Washington et celui de l’Airbus A320 est décrié avec véhémence. Les partenaires européens sont accusés de fausser le jeu de la concurrence en finançant partiellement les recherches. Or, Boeing et Douglas ne bénéficient-ils pas du soutien du département de la Défense ?
Par d’obliques manœuvres, les États-Unis étaient naguère parvenus à couper les ailes à Concorde ; le consortium européen ayant mis au point Airbus n’entend pas subir les mêmes dommages. M. Jacques Chirac l’a nettement fait savoir. L’Europe n’est cependant pas seule dans le collimateur et le Japon dont l’appareil de production est plus performant que celui du Nouveau Monde, apparaît comme un obstacle à la volonté de puissance américaine. Les points de friction sont donc multiples, mais ils se concrétisent essentiellement sur les marchés financiers. Le mark et le yen, devises des deux pays vaincus à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, tiennent tête au dollar. Celui-ci reste la monnaie de référence sur le plan international en dépit d’une politique parfois aberrante du Trésor américain.
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