Revue des revues
• La très célèbre revue américaine Foreign Affairs, dans son numéro d’hiver 1986-1987, publie plusieurs articles de valeur dont un sur les conséquences de Reykjavik. Il a paru plus intéressant d’analyser un article de Robert G. Kaiser, du Washington Post, intitulé « The Soviet Pretense », titre difficile à traduire (le faux-semblant ou le mythe soviétique ?).
La thèse de l’auteur est simple. Le marxisme-léninisme a toujours cru à une lutte inévitable entre « socialisme » et « impérialisme », dont le premier sortirait vainqueur. Cette prétention à la supériorité du système communiste a été le fondement du régime et l’a amené à magnifier la puissance soviétique tout en cachant ses faiblesses. C’est ce que Gorbatchev vient de changer dans un souci d’efficacité sans renoncer au principe, mais, ce faisant, il risque d’ébranler les colonnes du temple et il permet à l’Occident de mieux connaître l’Union soviétique.
Pour illustrer son propos, Robert Kaiser part du troisième programme du parti adopté au 21e congrès sous Khrouchtchev qui prévoyait un avenir extraordinaire. Le style de 1961 a survécu chez les successeurs, mais Gorbatchev a pris un ton nouveau dans son discours de Khabarovsk (31 juillet 1986) en montrant un certain pessimisme sur les résultats acquis et la nécessité d’un changement. Certains dirigeants soviétiques ont emboîté le pas comme Boris Eltsine, membre suppléant du Politburo. Les Soviétiques ont pu en effet constater que « la corrélation des forces » entre l’Est et l’Ouest ne s’était pas profondément modifiée pendant la décennie écoulée, l’abandon de l’autarcie économique n’a pas produit les effets escomptés, la situation intérieure est mauvaise. L’auteur pense que l’effondrement du mythe soviétique est le dernier stade d’un long processus qui a commencé à la mort de Staline. Les Soviétiques ont adopté sans discussion sa vision où l’URSS devait devenir la puissance majeure du monde. Des millions d’hommes sont morts pour prouver ce dogme de la lutte entre la lumière et les ténèbres. Le système s’est ensuite bureaucratisé, Khrouchtchev répétant les mêmes slogans. Il a créé involontairement les conditions que Gorbatchev cherche à exploiter. C’est son époque qui est actuellement mise en cause.
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