Aéronautique - Le Commissariat de l'Air
Deux grands services spécifiques assurent dans l’Armée de l’air le soutien logistique des forces : celui du matériel et celui du Commissariat de l’air.
De création récente, doté de structures bien adaptées aux forces, le service du Commissariat de l’air est un service de logistique dite générale, par opposition au service du matériel, chargé de la logistique technique. Ses attributions très larges couvrent notamment la satisfaction des besoins du personnel (solde, habillement, restauration, équipement en matériels d’ameublement, de couchage… par exemple), la conduite de l’administration des unités, la surveillance et la vérification des comptes. D’autre part, son rôle de conseiller du commandement dans les domaines administratif, financier, juridique et logistique, est le prolongement direct de ses attributions principales.
Un service jeune, bien adapté aux forces
Comme l’armée dont il fait partie, le Commissariat de l’air éclôt dans la première moitié de notre siècle. L’intendance, déjà très largement centenaire, sert, à cette époque de référence, voire de point d’appui lors de son émergence. Ainsi, en 1942, les commissaires « ordonnateurs de l’air », nouveau-nés, sont recrutés selon des modes appliqués aux intendants. Leurs attributions sont identiques.
Un premier grand pas est franchi en 1953 avec la création du corps des commissaires de l’air, qui consacre la formule du recrutement direct sur concours ouvert aux licenciés en droit. Les « ordonnateurs de l’air » laissent la place à d’autres hommes. Mais les principes qui régissent les rapports entre les forces et le Commissariat de l’air ne changent pas fondamentalement. Ainsi, pendant 17 ans, les commissaires vont œuvrer au sein d’un service en s’appuyant principalement sur une entité locale, le Commissariat des bases de l’air ayant la responsabilité administrative de plusieurs bases aériennes, mais étant aussi indépendant vis-à-vis du commandement.
Au début des années 1970, une évolution majeure est décidée : agissant jusqu’alors à l’extérieur des unités, les commissaires vont désormais connaître l’administration active « sur le terrain ». Chaque base aérienne disposera d’un commissaire de base, chef des services administratifs et collaborateur permanent du commandement. Aujourd’hui 52 commissaires, soit le quart de ceux en position d’activité, rejoignent les bases aériennes pendant quelques années, à tour de rôle, et deviennent des administrateurs directs. Cette mesure, finalement très logique et dont la valeur a été confirmée par les ans, est l’illustration même de l’adaptation du service aux forces. Toutes les armées ont, d’ailleurs, maintenant adopté cette formule d’un Commissariat plus près des unités.
Mais le rapprochement de l’administrateur et de l’administré ne pouvait être pleinement réalisé que si l’implantation du service du Commissariat correspondait au mieux au système d’organisation des forces. C’est ce qui a été fait. Chaque région aérienne comprend une direction régionale du Commissariat, un centre administratif et financier chargé notamment du traitement et du paiement des soldes, et un établissement du matériel. De même chaque grand commandement spécialisé (forces aériennes stratégiques, défense aérienne, transport aérien, etc.) bénéficie du concours d’un commissaire conseiller. Outre-mer, trois Commissariats de l’air assument, grosso modo, les fonctions d’une direction régionale. Enfin, les unités stationnées en République fédérale d’Allemagne relèvent sur le plan administratif et financier d’une sous-direction du Commissariat.
Cette organisation, très simple et très rationnelle, est le fruit d’efforts de restructuration accomplis depuis de nombreuses années. Le service du Commissariat fonctionne aujourd’hui avec 1 744 personnes, soit un effectif diminué de plus de 32 % par rapport à 1970.
Quelques étapes du chemin parcouru
Les attributions du service du Commissariat de l’air sont développées dans un décret de 1980. Leur libellé est dans l’ensemble très proche de celui retenu par les autres commissariats. Mais plutôt que de les reprendre de façon détaillée, il paraît plus intéressant et plus significatif de rappeler les opérations majeures qui ont été lancées dans l’Armée de l’air depuis bientôt trente ans. Ainsi, par exemple :
• En 1960 : début d’automatisation du traitement de la solde.
• En 1971 : mise en place du budget de fonctionnement sur chaque base aérienne, coïncidant avec l’affectation des premiers commissaires de base.
• En 1974 : lancement sur les bases du système de budget d’équipement complétant ainsi celui du budget de fonctionnement, une formule qui permet de suivre le niveau et le vieillissement du parc de matériels commissariat dont dispose chaque base (matériels de bureau, de couchage, de restauration, etc.), d’en calculer l’amortissement et de prévoir son renouvellement selon les disponibilités budgétaires.
• En 1976 : prise en compte par le Commissariat de l’air, sur décision du chef d’état-major de l’Armée de l’air, de la responsabilité directe de la restauration des personnels. Cette mesure a été le point de départ de réformes d’envergure opérées dans de nombreux domaines : les structures, le personnel, les méthodes de travail et de gestion, les matériels, l’infrastructure. La somme de 400 millions de francs, consacrée en dix ans à la réalisation de cette opération, a permis d’offrir à tous les personnels de l’Armée de l’air, dans l’obligation de prendre leurs repas de service sur la base (déjeuners notamment), des conditions de restauration alliant modernisme, qualité et efficacité. En outre, des économies de personnel de service ont pu être dégagées. Par ailleurs, les méthodes de gestion qui ont été choisies se sont très largement inspirées de celles appliquées par le secteur privé.
• En 1985 : approbation par le chef d’état-major de l’Armée de l’air d’un projet de micro-informatisation des services administratifs et des services de restauration et d’hôtellerie des bases aériennes. En 1989-1990, les fonctions finances matériels et restauration des bases seront traitées à l’aide de micro-ordinateurs. L’investissement global représentera environ 16 M de francs.
• En 1987 : expérimentation des cercles de qualité au sein du service.
La carrière des commissaires de l’air
Les commissaires de l’air sont recrutés de façon externe (pour 90 % d’entre eux) et interne. Chaque année, un concours externe, commun aux trois commissariats terre, marine et air, rassemble environ 300 candidats (pour 30 à 35 places offertes) titulaires d’un des diplômes exigés au concours externe d’entrée à l’École nationale d’administration. Ceux d’entre eux qui sont admis à l’École du Commissariat de l’air (en moyenne 7 ou 8) rejoignent Salon-de-Provence où ils reçoivent pendant 2 ans une formation d’administrateur et d’officier, parmi leurs camarades de promotion de l’École de l’air, futurs officiers de l’air, officiers mécaniciens et officiers des bases. Une année de stage sur base clôt cette première période de leur carrière. Viennent ensuite les temps d’affectation : en direction régionale du Commissariat, sur une base, en état-major, dans un commissariat de l’air outre-mer, à la direction centrale… 169 commissaires travaillent ainsi au sein de l’Armée de l’air, 18 autres, en position statutaire d’activité, exercent leurs talents hors de leur armée d’appartenance.
En outre, le Commissariat de l’air dispose de quelques postes au titre de la coopération. Enfin, ouvert sur l’extérieur, il laisse quelques-uns des siens s’orienter vers des emplois administratifs civils (service détaché ou seconde carrière). Cette politique d’ouverture permet une pleine expression des compétences, sert son image de marque et facilite la gestion du corps des commissaires. À titre d’exemple, deux commissaires commandants accèdent en 1987, l’un à la carrière préfectorale, l’autre à la Cour des comptes.
En adoptant une formule de recrutement et de formation mêlant un haut niveau de connaissances et une bonne intégration au sein de l’Armée de l’air, le Commissariat de l’air dispose de cadres bien adaptés à leurs fonctions très diversifiées et opérationnels dans leur milieu de travail.
En participant à l’administration directe des unités, les commissaires de l’air sont davantage à l’écoute des hommes et répondent mieux à leurs besoins.
En recherchant de façon soutenue le « mieux faire » administratif et logistique, le Commissariat de l’air confirme sa volonté d’être et de rester en pleine harmonie avec les forces qu’il sert.