Revue des revues
• Survival, organe de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) de Londres, publie dans son numéro de novembre-décembre 1987 un article de David B. Rivkin Jr. sur « L’Union soviétique et la maîtrise des armements ». Malgré la consonance slave de son nom, l’auteur est américain. Il n’est guère possible de résumer ce long exposé, mais on peut en extraire les idées principales.
David Rivkin cherche à montrer ce qui est continuité et changement dans l’attitude soviétique vis-à-vis de l’Arms Control. Pour lui l’évolution qu’il constate résulte de l’esprit pragmatique des Soviétiques. Ils s’adaptent aux conditions nouvelles de la conjoncture internationale, de leur politique de défense et de leur situation interne. Ils ont pratiquement abandonné la thèse du déclin capitaliste et l’espoir d’une transformation révolutionnaire du Tiers-Monde ; le danger chinois s’est estompé. Ils pensent pouvoir s’entendre avec les États-Unis en se prémunissant contre les vicissitudes de la politique intérieure américaine, et vont jusqu’à admettre que la sécurité ne s’assure pas unilatéralement. Gorbatchev paraît encore mal assuré de son pouvoir et a besoin d’un succès en politique étrangère en obtenant le soutien de l’opinion publique mondiale. Les forces stratégiques britanniques et françaises sont encore considérées comme une menace, mais on ne demande plus leur disparition pour obtenir le départ des missiles américains. Le refus par les Européens des propositions de dénucléarisation a surpris et la position vigoureuse de Mrs Thatcher a fait impression. Les Soviétiques ont tiré les leçons de leurs récentes maladresses mais leur objectif est toujours de diviser l’Occident et d’utiliser l’Europe pour faire pression sur les États-Unis, même si différents courants d’opinion semblent exister dans ce domaine.
Pour David Rivkin, Gorbatchev est obligé de tenir compte de ses militaires, même s’il a pu se débarrasser de certains grâce à l’affaire Rust. D’autres généraux, comme Akhromeyev, Orgakov, pourraient suivre. La politique militaire soviétique lui paraît garder ses trois objectifs majeurs : dissuader une confrontation Est-Ouest, garder les moyens de parer à l’échec de cette dissuasion, soutenir la politique étrangère de l’URSS. Les Soviétiques n’ont jamais été des admirateurs sans nuances du bombardement stratégique ; il leur paraît de plus en plus douteux de pouvoir vaincre dans une guerre nucléaire et ils envisagent la nécessité d’opérations prolongées à la fois nucléaires et conventionnelles. Ils diversifient leurs forces nucléaires et améliorent la survivabilité, l’endurance et la souplesse d’emploi de leurs moyens classiques. Leurs propositions de réduction des forces stratégiques ne sont pas significatives et pourraient cacher un retour à une stratégie anticités, mais d’un côté, ils voient diminuer l’efficacité de leurs moyens offensifs, de l’autre ils hésitent à adopter le concept MAD (Destruction mutuelle assurée). En fait la stratégie soviétique ne paraît pas évoluer même en Europe, les objectifs européens étant justiciables de moyens prélevés sur les forces stratégiques ou d’armes non nucléaires.
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