Armée de terre - 1888-1988 : centenaire des troupes alpines - Systèmes d'armes aéromobiles futurs
La 27e Division alpine célébrera à Grenoble les 24, 25 et 26 juin prochains le centenaire des troupes alpines. Présentes depuis leur création sur de multiples théâtres d’opérations, elles ont également participé au développement économique de leur région.
Élargissement et diversification des missions
La 27e Division alpine est une grande formation unique par son style et ses missions au sein de l’Armée de terre et plus particulièrement de la force d’action rapide. Intégrée à celle-ci, cette division, dont l’état-major est à Grenoble, allie les qualités d’endurance morale et physique de montagnards aux possibilités offertes par les performances accrues de ses matériels. Elle est en effet équipée des matériels militaires les plus récents qui lui confèrent, sous une faible masse, une capacité de mobilité et une puissance antichar remarquables ; aussi, au-delà de sa spécificité « grand froid », la Division alpine est apte à intervenir sur de multiples terrains. Elle fait de l’élargissement de ses aptitudes opérationnelles un objectif majeur d’entraînement.
Et c’est à ce titre que des unités de la « 27 » séjournent actuellement en Nouvelle-Calédonie, en Guyane, en Norvège, au Canada, au Liban, participent aux grandes manœuvres franco-allemandes, prennent part à la protection de la force nucléaire stratégique du plateau d’Albion.
La valeur des hommes et la qualité du service national
La première richesse de la Division alpine est constituée par ses 10 000 hommes regroupés en dix unités : cinq bataillons de chasseurs alpins, dont un professionnalisé, un régiment d’infanterie alpine, un régiment de blindés légers, un régiment d’artillerie de montagne, un régiment de commandement et de soutien, un bataillon du génie.
Les 7 500 appelés qui servent à la Division alpine sont pour la majorité d’entre eux volontaires et sélectionnés selon des critères comparables à ceux exigés pour les troupes parachutistes ; ils justifient de surcroît de leur aptitude au ski alpin et à la montagne. À l’issue de leur service national, ils sont nombreux à reconnaître aux troupes alpines « un plus » que deux facteurs peuvent expliquer : la montagne et la technicité des cadres.
La montagne est un terrain d’entraînement et de cohésion exceptionnel. Ainsi chaque homme, instruit dans la double exigence du combat et de la montagne, a l’occasion de faire valoir sa force morale et physique pour obtenir le brevet d’alpiniste et de skieur militaire. Ces épreuves individuelles constituent la base essentielle de la manœuvre tactique en montagne.
Les 2 000 officiers et sous-officiers de la Division, formés initialement dans les écoles de l’Armée de terre, reçoivent leur instruction de spécialiste à l’École militaire de haute montagne de Chamonix. Dans leurs unités, ils pourront alors instruire et entraîner les jeunes appelés à vivre, se déplacer et combattre en milieu montagnard. Cette pratique commune de la montagne, outil pédagogique et terrain de combat, contribue à former les corps et les esprits des hommes et à façonner la spécificité de la division.
Une symbiose armée-nation réussie
Depuis 100 ans dans les Alpes, les troupes alpines ont participé au développement économique de cette région en créant des voies de communication et en apportant sous les formes les plus diverses leur assistance aux populations.
Dès leur création en 1888, les troupes de montagne ont donné une impulsion évidente à la pénétration des massifs. En ouvrant, pour les besoins de la défense, hors des grandes voies traditionnelles, tout un réseau de routes stratégiques de Nice au Léman, elles ont contribué indirectement au développement de l’économie montagnarde. Ces routes ont désenclavé des villages, favorisé le développement des sports de neige et permis de nombreux aménagements de sites touristiques. Il faut citer par exemple le 159e Régiment d’infanterie alpine qui, en 1900, à Briançon, crée une « École normale de ski » qui forme en dix ans plus de 3 000 skieurs et développe la pratique de ce sport en France ; ou encore en 1968 la participation de la 27e Division alpine à la préparation des jeux Olympiques d’hiver à Grenoble.
Mais plus encore qu’une contribution à l’économie, la présence des troupes de montagne dans les Alpes est un facteur de sécurité. Les interventions décisives lors des calamités naturelles ne se comptent plus. Si l’on se souvient de celles qui suivirent les avalanches de Val d’Isère, de Haute-Maurienne, du Briançonnais ou de Haute-Savoie notamment, il en est en revanche de moins spectaculaires mais plus fréquentes, déclenchées à l’occasion de crues, de glissements de terrain, ou tout simplement pour les recherches de personnes égarées en montagne.
Les « diables bleus » se sont battus sur de multiples terrains pour la liberté et la défense des intérêts de la France : frontières des Alpes, Madagascar, Nord-Est du pays pendant les deux guerres mondiales, Norvège, Résistance, Libération, Algérie. Après 100 années d’existence des troupes alpines, la richesse de leurs hommes et leur spécificité demeurent toujours un atout nécessaire de la défense militaire de la France.
Systèmes d’armes aéromobiles futurs
Depuis plusieurs années, le programme de l’hélicoptère franco-allemand est l’un des signes les plus tangibles de la volonté de défense commune. La fermeté politique qui a permis le lancement du programme malgré les difficultés illustre bien l’importance de la réussite de cette entreprise qui permettra à l’Armée de terre de bénéficier d’un engin de combat de haute technologie, représentant un progrès considérable par rapport aux matériels aériens existant aujourd’hui.
Face à la menace de l’an 2000, constituée d’hélicoptères de combat puissamment armés et de chars munis de blindage composite, le besoin s’est fait sentir de réaliser un système d’armes extrêmement performant, monté sur hélicoptère. Le HAP/HAC (Hélicoptère appui protection/antichar) a été conçu dans ce but.
Développé à partir d’un même porteur pour des raisons économiques et financières, le HAC sera capable de détruire à une distance de près de 5 000 mètres tous les chars ennemis en service, et le HAP prendra à partie les hélicoptères qui viendraient menacer nos unités.
Le HAC est conçu autour du système d’armes AC3G (Antichar de 3e génération) qui permet de tirer jusqu’à 4 missiles en quelques secondes et de quitter la zone avant même que les missiles n’aient atteint leurs cibles. D’un poids de 5,4 tonnes, il possède 2 turbines développant près de 2 600 CV. Capable d’intervenir de nuit et par mauvaise météo, il sera l’adversaire le plus dangereux du char de l’an 2000.
Le HAP, d’un poids inférieur à 5,3 t, pourra atteindre, grâce à cette même motorisation, une vitesse d’environ 300 kilomètres/heure. Armé d’un canon de 30 millimètres à grande cadence de tir, il sera capable, grâce à une conduite de tir perfectionnée, de détruire en quelques secondes tout aéronef hostile se dévoilant à une distance de 1 500 m. Avec ses missiles air-air, il sera à même de détruire tout aéronef jusqu’à une distance de 4 000 m.
Ces systèmes d’armes, valorisés par des chaînes de commandement informatisées et de renseignement « en temps réel », ainsi que par une logistique de l’avant optimisée, conféreront à l’Aviation légère de l’Armée de terre (Alat) un rôle décisif sur le champ de bataille de l’an 2000.♦