Afrique - Soudan : négociations, crise, misère et confusion - La Côte d'Ivoire jette le trouble sur le marché du cacao
Soudan : négociations, crises, misère et confusion (*)
La situation intérieure du Soudan devient de plus en plus confuse et préoccupante. Cela provient en partie de ce que chaque formation politique agit dans une direction que ceux qui la soutiennent paraissent les moins bien disposés à accepter. La faute en revient aux relations ambiguës que les dirigeants de ces mouvements entretiennent entre eux et qui les rendent plus ou moins dépendants du succès de leurs tactiques « politiciennes ». Les partis traditionnels correspondant en effet à des sensibilités religieuses localisées ou exprimées dans le cadre d’ethnies bien définies, leurs dirigeants ne sont pas liés par des engagements idéologiques ; ils agissent en fonction des possibilités d’intervention, sur leur terrain d’élection, de partis formés plus récemment et ayant une vocation « nationale », par conséquent utilisant pour séduire des arguments idéologiques. L’attitude de ces dirigeants est évidemment différente selon qu’ils ont la responsabilité directe du pouvoir ou qu’ils se placent soit en marge de ce pouvoir soit carrément dans l’opposition. Il va de soi – ce qui rend le sujet plus complexe – que tout parti qui participe à la coalition gouvernementale compte quelques membres importants qui se comportent comme s’ils étaient dans l’opposition, afin de préserver leur propre avenir ou, pour les plus désintéressés, celui de leur parti. Avec ces données, nous allons essayer d’éclairer la situation soudanaise, sans être bien assuré de pouvoir transmettre cette clarté.
Comme on le sait, le Soudan est un pays artificiel conçu pour limiter l’influence égyptienne sur la haute vallée du Nil, sans pour autant le couper de ses liens économiques et spirituels avec ce qui fut historiquement la monarchie des « deux terres ». La vie politique et la démocratie y ont cependant des assises traditionnelles, qui correspondent à la double vocation initiale du pays. Après avoir uni des populations par des liens religieux pour ainsi dire « personnalisés », les sectes se sont dotées peu à peu de partis politiques. Deux formations se sont ainsi partagé le pouvoir après la constitution de l’État, malgré ou à cause de l’autorité du colonisateur britannique. La Khatmia, proche de l’Égypte, fournit l’encadrement du « Parti unioniste démocratique » (PUD). Les Ansars, soucieux de maintenir l’originalité de la personnalité soudanaise et celle d’un islam « noir », participent au jeu électoral par l’intermédiaire du parti Oumma. L’un et l’autre n’ont qu’un développement régional. Ils ne peuvent avoir une dimension nationale l’un sans l’autre. Les expériences passées l’ont montré.
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