The Military Balance, 1988-1989
Cette publication annuelle de l’IISS a paru fin octobre 1988 sous une forme assez peu différente de celles des années précédentes. Il semble cependant que les tables et analyses soient plus nombreuses. Quelques points méritent d’être relevés.
États-Unis – La modernisation des forces nucléaires continue. 39 missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) MX Peacekeeper ont été placés en silos de LGM-30 Minuteman (ICBM). Le financement de 50 autres est demandé au budget 1989. Le Trident II (D5) UGM-133A (Submarine-Launched Ballistic Missile – SLBM) ne comptera que huit têtes. 74 bombardiers stratégiques Rockwell B-1 Lancer sont en service. Le programme AGM-86 ALCM (Air-Launched Cruise Missile) sur Boeing B-52 Stratofortress se poursuit, un nouveau missile (AGM-129 ACM – Advanced Cruise Missile) devant être opérationnel après 1990. La Marine a mis en service des SLCM. L’artillerie a reçu un nouveau projectile nucléaire (AFAP – Artillery Fired Atomic Projectile) dont le Congrès a limité le nombre (925). Le successeur du MGM-52 Lance est en cours d’étude, ainsi qu’un missile (TASM – Tomahawk Anti Ship Missile) remplaçant les bombes. L’avenir de l’Initiative de défense stratégique (IDS) reste incertain. La marine de 600 navires ne sera pas réalisée.
Union soviétique – Les Soviétiques poursuivent la modernisation de leurs forces nucléaires stratégiques et ont admis posséder 50 000 tonnes d’agents chimiques. La construction navale s’est ralentie. L’Armée de terre continue sa modernisation. L’artillerie du GFSA (Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne) a été augmentée. Le maréchal Akhromeyev (Chef de l’État-Major général des forces armées soviétiques) a admis que le budget militaire soviétique qui est publié ne comporte que les dépenses courantes. L’élimination des missiles INF (Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire) et les vérifications vont coûter cher.
Analyses – La première des analyses placées en troisième partie de l’ouvrage examine les nouvelles méthodes de décompte des forces nucléaires stratégiques. On arrive maintenant à des totaux de têtes nucléaires qui sont inférieurs à ceux des SALT (Traités sur la limitation des armements stratégiques), en particulier pour les États-Unis (9 789 au lieu de 14 637). La réduction annoncée de 50 % ne touche que certains domaines.
Pour les forces conventionnelles en Europe, le nouveau Military Balance avoue que les évaluations sont difficiles. Les forces soviétiques entre Atlantique et Oural ne montrent aucune évolution provenant d’une « nouvelle pensée » stratégique. Les tables illustrent les négociations en cours par zones, MBFR (Mutual and Balanced Force Reductions), « Jaruzelski » (du nom du président de la République populaire de Pologne – MBFR plus Danemark et Hongrie), de l’Atlantique à l’Oural. On arrive à des totaux aberrants où l’on additionne les divisions turques et britanniques en Allemagne du Nord, sans qu’il y ait de bilan théâtre par théâtre (Centre, Sud, Nord) qui ferait apparaître une plus grande supériorité soviétique au Centre, et montrerait que la légère supériorité de l’Otan de l’Atlantique à l’Oural est fallacieuse. Une autre analyse présente les difficultés de vérification des armes chimiques.
Dans son ensemble, ce document est comme d’habitude très intéressant et très utile, même si on n’est pas totalement d’accord avec certains de ses points de vue. ♦