Marine - Après un colloque - (II) Les marines de guerre à l'ère nucléaire
Le colloque « Du dreadnought au nucléaire », organisé en novembre 1988 par le Service historique de la Marine (voir la chronique « Marine » du mois de mars 1989), a montré comment l’expérience technique et historique de la première moitié de ce siècle pesait encore sur les flottes actuelles et comment l’explosion nucléaire de 1945 avait brutalement ouvert une ère nouvelle. Cette percée technologique qu’a constituée la maîtrise de l’énergie nucléaire s’est appliquée aux armes puis à la propulsion des navires. Elle a provoqué par là une rupture dans le domaine stratégique.
Le débat stratégique
Deux conceptions stratégiques différentes ont toujours dominé l’histoire navale. La première, d’essence défensive, est généralement prônée par les Nations à l’atavisme continental. Elle ne demande à la marine que la protection rapprochée du territoire national, outremer ou en métropole, contre toute agression venue de la mer. Défense des côtes ou des approches en est l’expression. L’attaque des lignes de communication adverses par des corsaires de surface ou sous-marins, voire aériens, la complète. Au siècle dernier, la « jeune école » en a été une illustration caractéristique, presque caricaturale, tandis que l’amiral Alfred Mahan se faisait le principal théoricien de la seconde conception, d’essence plus dynamique, davantage prisée par les Nations maritimes. Elle commande à la marine de rechercher et de détruire les forces ennemies pour obtenir la « maîtrise des mers », ce qui permet à la fois d’écarter la menace sur son propre territoire et de pouvoir s’en prendre à moindres risques à celui de l’adversaire. Si cette stratégie ne parvient pas à assurer la maîtrise parfaite de la mer, elle doit être complétée par la défense des communications qui sont indispensables à toute Nation maritime.
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