Défense à travers la presse
L’Alliance atlantique a fêté, en avril 1989, son quarantième anniversaire dans une atmosphère d’incertitude occasionnée aussi bien par la nouvelle politique de M. Gorbatchev que par les divergences qu’on enregistre entre les partenaires européens au sujet des armes nucléaires à courte portée. L’élimination des Forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) a déjà mis à mal la stratégie de la riposte graduée, conviendrait-il de priver l’Alliance de ses dernières armes tactiques ? Le débat est ouvert, sa conclusion est claire, or elle embarrasse. Du coup, le doute s’installe au sein de la plus forte coalition mise sur pied en temps de paix pour en garantir la permanence.
Comme toute entreprise humaine, l’Alliance a traversé des crises, connu des tensions internes et eut à faire face à des défis. Les résultats ont toujours été à la hauteur des engagements, ainsi que le note Philippe Marcovici dans Le Quotidien de Paris du 4 avril 1989 :
« L’Alliance a préservé et a géré la paix pendant quarante ans. Comment se fait-il alors que malgré un bilan si positif on devine aujourd’hui les Alliés en proie au doute et que l’on ressente profondément un malaise que plus personne ne tait ? D’abord et même si au fil des ans l’Otan s’est efforcée de faire évoluer ses concepts stratégiques, l’Organisation a vieilli et elle aurait bien besoin, elle aussi, d’un vent de perestroïka. Ensuite, il est devenu évident que l’Alliance est bancale. Le pilier européen reste plus un rêve qu’une réalité et les États-Unis se fatiguent d’avoir à assumer la plus lourde part du fardeau, c’est-à-dire les dépenses nécessaires à la sécurité collective. Enfin, il faut en convenir, le monde a changé ou du moins donne-t-il l’apparence de l’avoir fait. Et c’est là probablement la source essentielle du malaise des Alliés. Quelle que soit la réalité des changements en URSS depuis l’avènement de Mikhaïl Gorbatchev, il est incontestable qu’ils débouchent sur une nouvelle définition de la relation Est-Ouest ».
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