Défense dans le monde - La réduction unilatérale des forces des pays du Pacte de Varsovie
À l’exclusion de la Roumanie, qui avait d’ailleurs annoncé une réduction de 5 % de son budget de Défense en 1987, tous les pays du Pacte de Varsovie ont déclaré, en décembre 1988 ou janvier 1989, vouloir réduire leur effort de défense et diminuer leur potentiel militaire.
Pour l’essentiel, les mesures correspondantes concernent : une diminution des budgets de Défense, une réduction des personnels, la dissolution d’unités terrestres et aériennes, ainsi que la transformation d’unités d’active en unités de mobilisation, le retrait du service de chars, de véhicules blindés d’infanterie, de systèmes d’artillerie et d’aéronefs. Corrélativement, il doit être procédé à une restructuration des grandes unités.
Les mesures envisagées
La réduction unilatérale des forces soviétiques a été annoncée, le 7 décembre 1988, par M. Gorbatchev, à la tribune de l’ONU. Débutant dès le printemps de 1989, elle devrait être terminée fin 1990.
Par la suite, certaines précisions ont été apportées, par le biais de déclarations de responsables politiques ou militaires.
Pour l’URSS dans son ensemble, il a été annoncé que le budget de la Défense serait réduit de 14,2 % et la production d’armements de 19,5 %, alors que l’ensemble des forces subirait une réduction de 500 000 hommes : 240 000 face à l’Europe, 200 000 face à l’est, 60 000 face au sud.
Pour les forces implantées dans la partie européenne de l’URSS et dans les pays d’Europe de l’Est, outre les 240 000 hommes déjà mentionnés, les réductions concerneront 10 000 chars, 8 500 systèmes d’artillerie et 800 avions d’attaque au sol.
Les détails les plus nombreux concernant les mesures envisagées intéressent les forces soviétiques stationnées en République démocratique d’Allemagne (Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne – GFSA), Tchécoslovaquie (Groupe des forces Centre – GFC). Pologne (Groupe des forces Nord – GFN) et Hongrie (Groupe des forces Sud – GFS). Globalement, ces quatre groupes de forces perdront 50 000 hommes, 5 400 chars, 260 avions, 24 lanceurs tactiques.
Six divisions blindées (DB) seront dissoutes, dont quatre au GFSA, une au GFC et la dernière au GFS. Les grandes unités restantes seront réorganisées aux fins de leur donner une structure défensive. Au GFSA et au GFC, les DB verront le nombre de leurs chars réduit de 20 % et les Divisions de fusiliers motorisés (DFM) de 40 %. Les régiments de chars moyens autonomes seront transformés en Régiments de fusiliers motorisés (RFM).
En outre, les unités plus particulièrement destinées aux actions offensives – unités d’assaut par air et unités de franchissement d’assaut du génie – seront retirées de la zone, de même qu’un certain nombre d’unités d’instruction et de soutien. En dehors, des zones mentionnées ci-dessus, des précisions ont encore été données sur la région militaire de Leningrad où une réduction de 20 000 hommes doit être appliquée, et sur les forces soviétiques stationnées en Mongolie, dont les effectifs seront réduits de 75 % et dont les forces aériennes seront dissoutes.
Les très nombreuses mesures similaires intéressant les pays satellites, à l’exclusion de la Roumanie, sont résumées. pour l’essentiel, dans le tableau ci-après.
Mesures |
Pays |
||||
|
RDA |
Tchécoslovaquie |
Pologne |
Hongrie |
Bulgarie |
Réduction du budget de défense |
10 % |
15 % |
De 7,7 % à 5,5 % du budget de l’État |
17 % |
12 % |
Réduction de personnels |
10 000 |
20 000 |
40 000 |
9 300 |
10 000 |
Retrait de chars |
600 |
850 |
850 |
250 |
200 |
Retrait d’avions |
50 |
51 |
80 |
9 |
20 |
Retrait de véhicules blindés |
|
165 |
700 |
30 |
|
Unités dissoutes |
6 RCM |
|
2 Div : 88 2 Div : 89 |
1 BB |
|
Unités transformées |
|
3 Div → Mob |
2 Div → Mob |
1 BB → B mécanisée |
|
À cela il convient d’ajouter que la Pologne a fait mention de mesures précédemment exécutées : dissolution de 6 unités d’aviation, avec retrait du service de 150 avions et réduction au niveau brigade de sa division aéroportée et de sa division de débarquement, devenue brigade de défense côtière.
Enfin, des mesures complémentaires ont pu être prises par l’un ou l’autre des pays concernés : diminution des activités, réduction du volume des réservistes convoqués, réorganisation des structures de commandement et de l’enseignement militaire.
Les commentaires joints
Les pays du Pacte ont assorti leurs déclarations d’un certain nombre de commentaires destinés à leurs nationaux ou aux populations des pays de l’Otan.
Les principales idées à en retenir peuvent être résumées comme suit :
– les réductions prévues ne diminuent en rien, dans la situation internationale actuelle, les capacités de défense des pays socialistes ; elles seront par ailleurs compensées par des améliorations qualitatives des forces ;
– les mesures prises constituent une contribution des pays du Pacte aux efforts entrepris pour assurer le contrôle des armements ; elles devraient entraîner un geste de réciprocité de la part des pays de l’Otan.
Par ailleurs, voulant contrer les arguments développés à l’Ouest, les Soviétiques n’ont pas manqué de souligner certains points :
– les réductions en zone satellite portent sur des unités de combat ; celles-ci seront dissoutes et non transférées ;
– les équipements seront détruits pour la plus grande part ; par exemple 5 000 chars, et non des plus anciens, seront détruits, et 5 000 autres adaptés pour être versés au secteur économique ;
– les 800 avions retirés seront des appareils ayant la capacité d’attaque des objectifs terrestres ; ce sont des appareils modernes, ayant des performances comparables, voire supérieures, à celles des aéronefs des pays de l’Otan.
* * *
Pour intéressantes qu’elles soient, les réductions décidées unilatéralement par les pays du Pacte ne doivent pas faire perdre de vue l’ampleur des potentiels restants, les capacités offensives qui demeurent, les mesures auxquelles le Pacte pourrait avoir recours pour compenser les retraits opérés, ainsi que l’évolution qualitative à laquelle les forces sont promises. ♦