Marine - Deux siècles de Marine
Le 6 octobre 1789, la foule ramenait triomphalement de Versailles aux Tuileries « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». En la personne du roi, c’est le pouvoir de l’État qui était définitivement fixé à Paris, entraînant le transfert des grandes administrations. Le comte de la Luzerne, secrétaire d’État à la Marine, quitta Versailles pour s’installer le 26 décembre 1789 à proximité du château des Tuileries, dans les bâtiments du garde-meuble royal.
La Marine place de la Concorde
À l’occasion de ce bicentenaire, les salons de l’hôtel de la Marine abritent une exposition (« 1789-1989. La Marine place de la Concorde » ; jusqu’au 15 septembre 1989) qui retrace l’histoire de ce bâtiment. Poursuivant les travaux d’embellissement de Paris, Louis XV avait conçu le projet d’une place qui porterait son nom à l’extrémité des Tuileries. Gabriel la dessina puis, en 1760, la ferma au nord par deux bâtiments situés de part et d’autre de la rue Royale. Celui de droite reçut la fonction de garde-meuble royal pour abriter les collections de la couronne et les présenter au public deux fois par mois durant l’été. Quelques pièces qu’il contenait sont montrées aujourd’hui, dont des tableaux, des meubles et de nombreuses tapisseries. Une émeraude de Colombie de 17 carats vraisemblablement acquise par Louis XIV rappelle que le garde-meuble abritait les bijoux de la couronne qui y furent volés en septembre 1792. Certains prétendent que ce vol aurait été commandité par Danton pour acheter le duc de Brunswick avant la bataille de Valmy. Le garde-meuble disposait également d’une armurerie qui abritait une importante collection d’armes, dont deux canons en argent offerts par le roi de Siam lors de l’ambassade fameuse que Louis XIV lui avait adressée en 1698. Le peuple de Paris l’envahit le 13 juillet 1789. Le lendemain 14 juillet, les canons d’argent et les autres armes qui avaient été pillées servaient à prendre la Bastille.
Outre le souvenir du garde-meuble qui demeurera là jusqu’en 1804, l’exposition fait revivre les grandes heures de la place Louis XV, rebaptisée pour quelque temps place de la Révolution avant de devenir place de la Concorde. Elle rappelle surtout ce que fut la marine française depuis la fin du XVIIIe siècle. De la grande marine de Vergennes, victorieuse des Anglais durant la guerre d’Amérique, à la Marine d’aujourd’hui, présente sur toutes les mers et garante de la paix grâce aux armes de la dissuasion, deux siècles d’histoire maritime nous disent ce qui a fait ou au contraire ce qui a ruiné une grande marine, et l’atout considérable qu’elle a conféré à qui savait l’utiliser.
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