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Afrique : le temps de l’attente
Depuis quelques mois la gravité de la situation des secteurs en crise sur le continent africain est difficile à évaluer. Un coup de tonnerre attire parfois l’attention de la presse, mais aucun développement orageux ni surtout pas le moindre arc-en-ciel ne semble en prolonger l’écho. Une perspective de solution, entrevue un instant, se dérobe à tout commentaire, comme si l’évolution des événements dépendait de décisions prises sur un autre plan et échappait au contrôle des acteurs africains. Ainsi, depuis qu’elles cherchent à rompre la fatalité de leur affrontement, s’aperçoit-on mieux de l’importance du rôle joué par les grandes puissances dans les tensions mondiales.
Pourtant l’immobilisme des petits, déterminé par la négociation des grands, n’explique pas l’appréhension que l’observateur éprouve. Même s’ils attendent les résultats de la confrontation américano-soviétique pour apporter une solution définitive à un problème local, les dirigeants africains ne peuvent pas, en effet, négliger les séquelles des passions soulevées par une dramatisation des crises, souvent trop bien orchestrées dans le passé. Les gouvernants en général sont plus capables de maîtriser les tensions sociales que de dominer les conflits d’origine ethnique, historique ou géographique qui les opposent à des États ayant choisi de se ranger, pour mieux défendre leur personnalité et leurs intérêts, dans des camps idéologiques différents. Par ailleurs, chez certains, au Maghreb et au Soudan par exemple, la déception causée par la crise économique, que l’on présente parfois comme une conséquence de la modernisation des mœurs, permet de placer, dans la même réprobation, Soviétiques, Européens et Américains, accusés les uns et les autres d’avoir favorisé le matérialisme et l’irrespect des traditions. La recherche d’un renouveau spirituel conduit l’intégrisme et ce dernier au fanatisme. La candidature qu’a posée Moscou, en juillet 1989, pour participer au prochain sommet des principales puissances industrielles, même si la propagande peut la présenter comme montrant le souci des dirigeants russes d’y défendre la cause du Tiers-Monde, sera interprétée, en général, comme un ralliement de l’URSS au camp des États industrialisés, dont les intérêts s’opposent à ceux des peuples fournisseurs de matières premières qui sont africains, sud-américains et asiatiques. Cette accusation fut un des thèmes de la propagande des années 1950 qui visait à séparer le bon grain chinois de l’ivraie soviétique ; ce fut aussi l’objet des inquiétudes algériennes en 1973, c’est aujourd’hui la principale préoccupation de Cuba et l’argument le plus percutant des intégristes. Le fanatisme religieux se dresse aussi bien contre le capitalisme d’État, encadré par des fonctionnaires athées, que contre le capitalisme international protégé par des États laïques.
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