Institutions internationales - Cambodge : les sampans de la discorde - Les Non-alignés à l'heure du réalisme
L’armée vietnamienne a, pour l’essentiel, quitté le Cambodge à la date du 27 septembre 1989. Nous verrons les réserves qu’il convient toutefois de faire à ce sujet. Une chose est certaine, la conférence de Paris de fin juillet à fin août 1989 s’est soldée par un échec. Si l’internationalisation de la question cambodgienne s’amenuise, ses imbrications internes font toujours surgir les mêmes difficultés. Les affrontements entre Khmers rouges et armée régulière ont d’ailleurs repris avec virulence dans l’ouest du pays. Tout espoir d’un compromis n’est pas à écarter et la Thaïlande a fait savoir que les quatre factions cambodgiennes étaient disposées à retourner à la table des négociations. Il est évident que chacune d’entre elles escompte une évolution favorable de la situation. Or, celle-ci ne présente, pour l’instant, guère d’indices encourageants.
L’approche d’une solution avait surgi en décembre 1987 lorsque le prince Sihanouk avait rencontré en France, à Fère-en-Tardenois, le Premier ministre cambodgien, Hun Sen. Cette entrevue permit d’enregistrer l’échec de toute politique de confrontation et incitait les parties en présence à négocier entre elles, une conférence internationale étant ensuite appelée à garantir les engagements pris. Ces conclusions ne furent nullement appréciées, ni par la Chine qui soutient les Khmers rouges, ni même par les partisans de Norodom Sihanouk qui lui firent reproche d’avoir cautionné la légitimité du régime de Phnom Penh en dialoguant avec son chef. L’objectif de Pékin et des Khmers rouges se limitait à obtenir le retrait des troupes vietnamiennes. L’occasion leur semblait d’autant plus propice que M. Gorbatchev se montrait résolu à régler les conflits régionaux. Sans doute pensaient-ils aussi qu’un tel repli ne pouvait que convenir à Moscou car le poids de l’aide au Vietnam s’en trouverait allégé, de même que serait facilitée une normalisation avec Pékin. La Chine elle-même ne semblait-elle pas dans des dispositions semblables, puisque fin 1988 elle offrait de restreindre, voire supprimer, son appui aux Khmers rouges en échange d’un calendrier d’évacuation des forces vietnamiennes ?
Quelques mois auparavant, l’Indonésie avait organisé à Djakarta une réunion informelle qui permit aux factions rivales d’échanger, pour la première fois, leurs points de vue sous l’égide des États de l’ANSEA (Association des Nations du Sud-Est asiatique). La conclusion qui s’imposa fut qu’il convenait de rétablir au Cambodge une légitimité sur la base d’élections libres, la compétition politique devant se substituer à la confrontation armée. Cette rencontre n’eut pas de suite faute d’une entente sur la composition d’un gouvernement de transition. Il était entendu que ce cabinet devrait être quadripartite, mais le chef du gouvernement de Phnom Penh voulait que soit maintenu le statu quo jusqu’aux élections. Les sampans de la discorde s’égaillaient au détriment de la réconciliation nationale.
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