Revue des revues
• « Les relations Est-Ouest ». La revue américaine Foreign Affairs, dans son numéro d’été 1989, publie un article adapté d’un rapport adressé à la commission trilatérale. Les auteurs en sont MM. Giscard d’Estaing, Yasuhiro Nakasone, Henry A. Kissinger.
Pour ces trois hommes d’État, il existe actuellement une occasion exceptionnelle de changer les relations Est-Ouest, à condition de ne pas laisser le Kremlin profiter de notre passivité ou de nos réactions tardives et incohérentes. Il faut rester forts et vigilants pendant une longue période de transition et nous ne sommes pas sûrs d’arriver à un résultat satisfaisant. L’analyse des tendances que l’on constate en Union soviétique traduit une crise du système communiste, non la valeur d’un homme, mais l’évolution peut aller vers une centralisation plus forte de l’autorité politique. Les réformes exigent la tranquillité extérieure et une décentralisation dans le domaine économique, mais celle-ci fait perdre au pouvoir ses moyens pour diriger le changement, sa légitimité est mise en cause et les effets ne seront perceptibles qu’à long terme. Le système soviétique doit se transformer radicalement pour se rapprocher des conceptions occidentales d’économie de marché et d’institutions démocratiques, ce qui serait la véritable perestroïka.
En politique étrangère, les trois auteurs considèrent que « la nouvelle pensée » soviétique comporte deux volets contradictoires : la tranquillité vers l’extérieur, la recherche de succès diplomatiques compensant les échecs internes en refoulant les États-Unis dans l’hémisphère occidental. La réduction de 500 000 hommes annoncée par Gorbatchev a pour but de diminuer le déficit budgétaire et de moderniser l’appareil militaire. Elle doit être acceptée comme un premier pas vers une réduction des forces classiques, réciproque et équitable. L’URSS demeurera la puissance militaire majeure de l’Eurasie. Elle jouit d’une position géographique très favorable, qu’elle peut utiliser pour affaiblir et diviser ses voisins, au cas où les Américains seraient absents. Les démocraties doivent s’adapter au style de Gorbatchev, qui noie l’Occident sous un flot de décisions unilatérales, dont certaines sont de réelles conceptions, d’autres relevant de la guerre psychologique.
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