Afrique - Afrique du Sud : nouvelle donne, même enjeu - L’Accord d’Alger entre le Tchad et la Libye rétablira-t-il le calme dans la région ?
Des élections du 6 septembre 1989 et des troubles qu’elles ont suscités avant le scrutin, on peut tirer en première analyse deux conclusions. La communauté blanche accepte en 1989, sans réflexe de défense, d’être confrontée à des manifestations qui auraient provoqué, dans les années 1960, une radicalisation de l’électorat. L’évolution déjà perçue des mentalités s’est donc consolidée grâce à l’action des Églises et des diverses associations culturelles. En revanche – ce qui peut paraître un paradoxe –, l’examen des programmes électoraux des candidats blancs montre que si l’extrême droite conserve son intransigeance passée, la gauche libérale n’ose plus proposer, comme alternative à la politique d’apartheid, la formule « un homme, une voix » qui signifierait l’institution du suffrage universel dans un État totalement unifié. Autrement dit, devant l’inéluctabilité de la promotion des Noirs, les libéraux blancs font des propositions moins démagogiques, donc plus mesurées. Parce qu’ils voient que le rempart du conservatisme afrikaner fléchit, eux qui sont le plus souvent d’origine britisher se sentent en quelque sorte plus solidaires de la communauté blanche ; toutefois, ils s’efforcent encore de maintenir des différences, qui devront être légères à l’égard du Parti national, mais plus importantes vis-à-vis des partis indiens, métis et noirs.
Par la Constitution de 1984, un Parlement comprenant trois chambres séparées a été créé. Celles-ci correspondent aux trois « Nations » qu’elle avait instituées. L’Assemblée de 166 membres est élue par la communauté blanche, la Chambre des représentants de 80 sièges par les métis et la Chambre des délégués de 40 sièges par les Indiens. Les membres de ces dernières institutions avaient été élus, dès l’entrée en vigueur de la Constitution, en août 1984. L’Assemblée succédant à une chambre dont le mandat n’arrivait à expiration qu’en 1987 avait été renouvelée en mai de cette même année. Pour la première fois en 1989, l’ensemble des membres du Parlement a été désigné le même jour, c’est-à-dire à l’expiration des mandats de la Chambre des représentants et de la Chambre des délégués, les députés blancs ayant dû écourter les leurs.
Les 166 députés se répartissent ainsi : 76 élus par le Transvaal ; 56 par Le Cap, 20 par le Natal, 14 par l’État libre d’Orange ; en plus, 4 sont nommés par le président de la République et 8 sont désignés par les députés sur la base de la représentation proportionnelle des partis. 10 députés coloured représentent le Transvaal, 60 Le Cap, 5 le Natal et 5 l’État libre d’Orange ; s’ajoutent à ces nombres, 2 députés nommés par le président et 3 choisis par les députés à la proportionnelle. Sur les 40 représentants indiens, 8 sont élus par le Transvaal, 3 par Le Cap, 29 par le Natal ; comme précédemment, il faut ajouter 8 députés nommés par le président et 3 désignés à la proportionnelle par les membres de la Chambre.
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