Cette analyse méthodique de la notion d’ennemi appliquée à la France d’aujourd’hui permet de valider le fait qu’elle ne s’en connaît pas. Deux tendances pourtant peuvent l’inquiéter, la montée en puissance chinoise et la radicalisation politique de l’Islam qu’il faudrait bien se garder de faire converger dans une posture critique. Pour cela, évitons d’être enrôlé dans un jeu externe et préservons nos moyens militaires.
Préambule - La France a-t-elle un ennemi ?
Preface–Does France Have an Enemy?
This methodical analysis of the notion of “enemy” applied to the France of today permits the validation of the fact that France is not familiar with such a notion. However, two tendencies can trouble France, increasing concerns through Chinese power and the political radicalization of Islam, concerning which one must well refrain from causing convergence in a critical posture. Regarding this, let us avoid being recruited into an external game and preserve our military resources.
Participer à une coalition militaire dans le cadre d’une opération de rétablissement ou de maintien de la paix (Irak, Balkans…) — dénommée « Mission de stabilisation » par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008 — et, parfois, aussi au titre de la « responsabilité de protéger » incombant à la communauté internationale * en raison de la violation répétée des droits de l’homme et du droit humanitaire (Rwanda, Libye…) sous mandat, préalable ou non, de l’ONU (chapitre VII de la Charte) est une chose ; c’est le respect de nos engagements. Porter assistance humanitaire en cas de catastrophe naturelle (Haïti) ou technologique (Fukushima) en est encore une autre ; c’est un devoir d’assistance. Mais dans les deux cas, ces opérations extérieures militaires ou de secours ne désignent pas un ennemi de la France. Pas même un ennemi de la communauté internationale, les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU ignorant volontairement ce mot pour constater des faits et qualifier juridiquement les atteintes à la paix et à la sécurité internationale (Irak, Rwanda, Côte d’Ivoire, Libye, Syrie…).
Aussi, depuis 1945, et si l’on fait abstraction subjectivement des ennemis atypiques, le Vietminh et le Front de Libération national algérien qui se sont inscrits dans le cadre de guerres de décolonisation, la France n’a eu politiquement qu’un seul ennemi idéologique, qui a disparu avec l’effondrement de l’empire soviétique. La guerre d’Indochine et la guerre d’Algérie ne furent pas considérées par la France, au moment des faits, comme des guerres internationales, mais comme respectivement des « opérations de pacification » et « de maintien de l’ordre », l’ennemi n’était pas en soi constitué en État.
En ces temps de contraintes budgétaires, d’augmentation du coût des équipements et de choix géostratégiques, il peut apparaître opportun de s’interroger sur une question fondamentale : la France a-t-elle un ennemi ?
Il reste 92 % de l'article à lire