En prenant conscience que les marchés sont devenus un espace stratégique, on mesure à quel point les pratiques financières transversales actuelles ont confisqué au profit de quelques-uns qui se criminalisent les clés de l’entreprise européenne et limité sa liberté d’action. Le retour des prescriptions locales pourrait être brutal.
Vulnérabilités européennes : la finance aussi
European Vulnerabilities: Finance Too…
Realizing that markets have become a strategic space, one measures how much current interdisciplinary financial practices have confiscated, profiting a few who criminalize the keys of European enterprise and restrict its freedom of action. The return of local management could be brutal.
La polémique ouverte au cours de l’été 2012 par les accusations de blanchiment de capitaux portées par la justice américaine contre Standard Chartered et contre la filiale de HSBC aux États-Unis, interprétées comme des manœuvres visant à affaiblir la place de Londres (au moment où le régulateur américain décidait de ne pas poursuivre Goldman Sachs pour les fraudes commises par ses employés), l’a rappelé aux naïfs : les marchés financiers sont devenus un espace stratégique à part entière.
La suprématie du dollar, les revenus de la place de Londres, la valeur de l’euro, le prix du riz et du pain, comme demain sans doute la propriété des terres arables et les droits d’usage de l’eau s’y jouent chaque jour. Les retraites des Français aussi. Et même le budget de la défense, commode variable d’ajustement des déficits publics ! L’un des faits marquants du dernier demi-siècle est l’extension des relations de marché à des domaines qui leur étaient soustraits, par les mœurs, par l’abondance, par la loi ou par l’indifférence. Chacun a constaté comment la globalisation financière a permis aux États-Unis d’exporter dans le reste du monde une crise domestique de surendettement privé, dite « crise des subprimes ». Beaucoup perçoivent, derrière la crise des dettes souveraines européennes, les difficultés de la zone euro et la suprématie retrouvée du dollar, des enjeux de puissance qui ne disent pas leur nom. Et d’autres se préoccupent d’une fuite en avant dans la création monétaire qui donne à certaines entités des capacités d’acquisition quasi sans limites, à un moment où les prix des grandes entreprises européennes et d’actifs réels en Europe apparaissent sous-évalués, compte tenu des atouts géographiques comme du capital structurel de celle-ci.
Bref, les marchés financiers, portés par un mouvement mondial de privatisation qui étend en permanence les droits qui s’y échangent, sont devenus un espace stratégique. Ses participants s’exposent à des forces qui les dépassent. À travers le mouvement des prix, une part de la puissance, de la souveraineté et du rang des nations se joue. Des combats s’y déroulent, le plus souvent sans bruit, sans éclat, mais pas sans victimes. La question n’est pas de s’interroger, les marchés, combien de divisions ? La question est d’analyser les principaux facteurs de vulnérabilité, pour envisager comment les réduire ou les supprimer.
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