L’effondrement de la zone euro conduisant à la rupture de l’Union par dislocation interne, sortie d’un État-membre, division Nord-Sud clairement proclamée, déséquilibrage du leadership, désertion morale ou politique, impliquerait une déstabilisation générale du système européen et mondial. Il aurait des répercussions internationales immédiates et favoriserait un retour, à terme, de la guerre en Europe et dans le monde. La conséquence la plus inquiétante en serait la division probable de l’Europe en camps à nouveau rivaux et l’affaiblissement général de l’Occident sur la scène mondiale. Il se doublerait du rétablissement d’une chape d’incompréhension entre l’Est et l’Ouest et de la réémergence d’une autre ligne de démarcation au cœur du continent, entre le Nord et le Sud, figée dans la méfiance réciproque. Une rivalité renaîtrait qui ne viendrait pas d’une hostilité déclarée, mais de ses conséquences géopolitiques prévisibles tant à l’Est qu’à l’Ouest. En effet, ce schisme sonnerait le glas du système actuel et mettrait un frein à la stabilisation de pôles de puissance en Eurasie en accélérant des dynamiques d’autonomisation des nations dans les zones sensibles de la planète. Il serait accompagné d’une transformation du système des alliances régionales et d’une reconfiguration diplomatique et militaire (Otan, OTSC, ASEAN, ANZUS) ⁽¹⁾ de celles-ci.

En réalité, l’ordre mondial dominerait ouvertement l’ordre européen avec le « duel du siècle » entre États-Unis et Chine et pèserait lourdement sur les relations entre l’Allemagne et la Russie.

Telle est une évaluation rapide des premières conséquences du phénomène redouté.