C’est la variété des combats conduits par les armées françaises tout au long de son histoire qui a fait progressivement prendre en charge, non seulement dans le domaine médical mais aussi dans le domaine sociétal et politique, les blessés de guerre dont l’auteur nous présente trois figures emblématiques.
Trois figures remarquables du blessé de guerre
Three Notable Figures Among the War-Wounded
The author introduces three figures among the war-wounded who symbolise the variety of types of combat conducted by French forces throughout their history. It is this very variety that has led today to better recognition of war-wounded on societal and political levels, as well as within the medical field.
Le soldat blessé au combat a vu son sort considérablement évoluer dans le temps, surtout quand la blessure s’est soldée par un handicap compromettant aussi bien sa carrière sous les armes qu’une reconversion civile. D’une part, les avancées de la médecine ont régulièrement amélioré sa prise en charge thérapeutique, mais le perfectionnement tout aussi continu des armements a également démultiplié parallèlement les aspects et les degrés lésionnels de ses formes cliniques. D’autre part, il est sans doute parmi toutes les victimes de maladies et d’accidents le premier bénéficiaire d’un statut protecteur, expression jamais démentie de la préoccupation particulière des gouvernants à son endroit, quel que soit le régime. Enfin, son positionnement dans la société a aussi connu plusieurs visages qu’il a souvent lui-même contribué à façonner. Ainsi, le blessé de guerre confronté à ses séquelles se situe toujours à l’intersection de dynamiques techniques, scientifiques, politiques, économiques, juridiques et sociologiques. Historiquement, ces facteurs se sont toutefois combinés en quelques formulations suffisamment structurées et durables pour pouvoir baliser cette évolution avec trois figures majeures : l’invalide, le mutilé et le traumatisé, qui sont utiles à déchiffrer, car on en retrouve les empreintes dans la présentation contemporaine des militaires victimes des conflits.
L’invalide
Par « invalide », les dictionnaires désignent une personne en incapacité d’avoir une vie professionnelle normale et notamment un militaire que ses blessures ont rendu inapte au service des armes. Ce terme privilégie donc une définition sociale à un diagnostic médical, qualifiant un sujet ne pouvant assurer totalement sa subsistance par son propre travail. Consacré dans la dénomination du célèbre édifice voulu par le Roi-Soleil, il cristallise toute la première époque de la représentation et de la prise en charge du blessé de guerre. En effet, ce dernier a d’abord dû être individualisé parmi les estropiés en tout genre, congénitaux, traumatiques ou par maladies, qui se partageaient les secours aléatoires commandités par la religion. Un tel mouvement a combiné l’émergence d’établissements spécifiques avec une nouvelle appartenance budgétaire.
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