Military Thought - Disinformation (Part 4)
Pensée militaire - La désinformation (4e partie)
Les opérations de désinformation récentes à l’encontre de l’armée française ont marqué les événements tragiques d’Ouvéa (mai 1988) et du Rwanda (été 1994) (1). Elles restent sans commune avec celles de la guerre d’Algérie. Un demi-siècle après la fin de la décolonisation dramatique de cette partie du Maghreb, les plaies demeurent à vif en raison des contrevérités entretenues méthodiquement. Depuis cinquante ans, la repentance à tout prix alimente des discussions enflammées qui mortifient les rapatriés d’Algérie, les Harkis et les militaires. Les premiers estiment qu’ils ont été chassés brutalement de leur terre où ils ont tout perdu, les seconds qu’ils ont été abandonnés honteusement par le pays qu’ils avaient servi et les troisièmes ont toujours pensé qu’on leur avait volé leur victoire indéniable sur le terrain et qu’ils avaient été les otages des palinodies cyniques d’un pouvoir politique dépassé par la tournure des événements. En prétendant vouloir jouer les pompiers pour éteindre les feux d’un passé cruel, les bonnes volontés se sont souvent transformées en pyromanes. Le débat controversé a ainsi atteint le but contraire à son intention : en croyant réconcilier, il a divisé, pire, déchiré.
Le discours convenu repose essentiellement sur les « horreurs » objectives, de la colonisation et en particulier celles, évidentes, commises par les soldats français pour mater la rébellion. Cette prise de position excessive et déséquilibrée ignore, voire exonère, la violence de la guerre de libération dont le principal enjeu fut le contrôle par la terreur de la population et qui conduisit à une double guerre civile, algéro-algérienne et franco-française. Or, tous les historiens s’accordent à reconnaître qu’il y eût des atrocités des deux côtés et que les moments les plus effroyables se sont produits à la fin après le cessez-le-feu avec les massacres des Harkis et des Européens en violation flagrante des accords d’Évian. Qui plus est, le pouvoir installé à Alger en juillet 1962 n’a pas hésité à imposer sa propre version de l’Histoire, de laquelle, d’ailleurs, il a voulu tirer sa légitimité. Dans les écoles algériennes, on enseigne toujours que le conflit a fait 1,5 million de morts alors que la plupart des analystes évaluent les pertes à 400 000. En outre, les manuels scolaires occultent les règlements de compte sanguinaires entre dirigeants du FLN et du MNA (le mouvement national algérien de Messali Hadj), ainsi que la tragédie finale des Harkis. Cette confiscation de la vérité a été dénoncée courageusement par le journal Al Watan, un quotidien qui fait toujours preuve de liberté de ton à l’égard des différents pouvoirs : « L’Histoire qu’on a enseignée, c’est celle qu’on a triturée et soumise aux manœuvres du pouvoir. Donc, elle n’a jamais été la vraie » (2). Elle fut et reste un enjeu.
La désinformation donne également une image réductrice de la présence française dans ses anciens départements d’Afrique du Nord. Cette présentation simpliste, fréquemment véhiculée doit être corrigée par des données objectives dont la France n’a pas à rougir et que l’Algérie n’a jamais déplorées. Parmi les réussites incontestables, on peut citer : la découverte des hydrocarbures et la mise en place d’un socle énergétique moderne qui procure aujourd’hui à l’Algérie plus de 90 % de ses recettes d’exportation, l’assèchement et l’assainissement de la Mitidja et l’accroissement considérable des surfaces cultivables, le développement des structures médicales (Institut Pasteur, hôpitaux, centres de soins et de vaccinations essentiellement mis en œuvre par les médecins militaires français), etc.
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