Défense en France - La menace vue à travers les colloques : méfiance des soviétologues et de quelques autres
Tellement nombreux sont, dès la rentrée scolaire, les colloques et journées d’études, en France en particulier, que les rédacteurs de revue, sollicités de toute part, ne peuvent rendre compte de tout. Cette chronique ne fera donc que survoler les propos échangés, renvoyant le lecteur aux actes dont il faut espérer la publication.
Les 27 et 28 octobre 1989, l’Institut supérieur des affaires et le National Strategy Information Center(Washington) ont réuni à Jouy-en-Josas (Yvelines, France) une centaine de soviétologues, américains et européens, sur le thème : « Opinion publique occidentale et sécurité internationale ». Ancien attaché de défense américain à Moscou, William Odom a montré que la « nouvelle pensée militaire » soviétique présentait de notables similitudes avec les réformes militaires de 1920 et avec le concept de bataille contre-offensive de Koursk. La réduction des effectifs et la transformation des structures visent à revitaliser la défense. La stratégie de Gorbatchev ne serait pas défensive, mais globale et orientée vers le moyen terme. En anesthésiant les opinions occidentales, elle risque de conduire les pays atlantiques à réduire leur effort de défense, à renoncer à la dissuasion nucléaire et à la modernisation de leurs armes classiques.
L’exposé de William Harris (Rand Corporation) mérite de retenir l’attention. Il est consacré aux campagnes soviétiques destinées à influencer la posture militaire de l’Otan. Très documentée, son analyse précise les actions de propagande en direction des scientifiques, des juristes et des parlementaires américains, en vue d’interdire le lancement de réacteurs dans l’espace, de créer des zones maritimes de paix, en particulier sur les flancs Nord et Sud de l’Alliance, et de limiter la recherche sur les défenses antimissiles. Dans le même temps, les missiles et radars soviétiques ont atteint une véritable capacité ABM (Missiles antibalistiques), et les scientifiques posséderaient une avance dans le domaine de la localisation des Sous-marins nucléaires lanceurs d’engin (SNLE). L’Union soviétique chercherait donc à masquer les progrès réalisés en sélectionnant avec soin les informations publiées et les visites organisées. On observe ainsi de 1986 à 1989 un véritable embargo sur les publications de défense, le nombre des livres exportés ayant chuté de 50 %. À l’appui de son argumentation, W. Harris cite les précédents de 1968-1975, révélés en 1987 par des officiers tchèques et polonais : au moment où Brejnev faisait campagne pour l’interdiction des armes biologiques et chimiques, il approuvait les plans d’emploi des mêmes armes et en développait la production. S’agissant des armements conventionnels, un plan de déception (tromperie) imposait aux pays satellites de ne dévoiler à Vienne que 80 % des moyens existants.
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